Il y a bien des manières d’étudier l’Internet. Par le biais des sciences mathématiques, au premier chef, notamment dans leurs parties consacrées à l’algorithmique, à la base de toute programmation ; des sciences physiques également, qui peuvent s’intéresser aux flux communicationnels et les mesurer, pour anticiper le dimensionnement des canaux informatiques. Parmi les sciences humaines, la sociologie étudie les usages, et contribue à l’optimisation des services; la psychologie examine la façon dont l’expérience des réseaux nous affecte, et aide à l’assimilation de l’outil informatique ; l’anthropologie, plus généralement, peut s’intéresser aux groupes, aux microsociétés se formant sur les réseaux, et débusquer de nouvelles figures de la socialité et de la culture.
Mais la philosophie ? Démunie d’instruments de mesure, incompétente à calculer, superficielle ou générale dans ses élans anthropologiques, elle ne présente guère d’utilité pour ceux qui, de près ou de loin, travaillent dans les champs de l’Internet, auxquels ontologie, principes, être, métaphysiques, sémantique même, ne sont que d’obscures imaginations appartenant à un passé révolu. Y a-t-il dès lors place, dans les études consacrées à l’Internet, pour une « diktyologie », un examen et une interprétation de l’être même du Réseau ? Et est-il vraiment « approprié » de considérer l’Internet comme un « objet philosophique » ?
A lire également
La Cité Internet, Presse de Science Po, 1997.
Des libertés numériques, PUF, Paris, 2008.
Qu’est-ce que l’internet ?, Vrin, Paris, 2009.
« Métamorphoses du pédagogue », Médium, n°44-45, 2015.