Faits sociaux par excellence, les faits religieux participent de notre modernité. A l'heure où l'école est confrontée à des demandes d'éclaircissements sur la laïcité, les Rencontres philosophiques de Langres se penchent sur le thème de la religion afin d’apporter un éclairage conceptuel rigoureux sur le phénomène religieux, qui ne se réduit pas à des dogmes ou à des croyances. Au regard de la thématique retenue et de son caractère transversal, ces Rencontres s’adressent à un large public d’acteurs éducatifs au-delà des seuls personnels d’encadrement et des formateurs du groupe philosophie.
Le problème philosophique de la religion se situe à l’intersection de trois champs d’investigation conceptuels. Il recouvre d’abord la question des pratiques religieuses et de culte, non simplement en ce sens que les religions seraient de simples manifestations culturelles et historiques, mais en ce sens qu’elles renvoient toutes à des expériences du sacré, du divin, d’une forme ou une autre de transcendance. Or les frontières mêmes de ce « fait religieux » ne se laissent pas aisément établir. Par quoi il est impossible de ne pas poser la question de la piété, de la foi, de la croyance qui, dans certains contextes, fut convertie en une question de superstition et, dans d’autres, en une question de tolérance et de pluralisme. Mais, du même coup, la religion jouxte la question de la vérité, dont elle constitue parfois une forme révélée et instituée comme telle, opposée à ses formes dites « profanes », celles de l’expérience ou de la science. La croyance ou la foi ne sont peut-être pas seulement les autres de la raison, mais son écho ou ses envers. Enfin, toutes les religions ont leur culte et, avec lui, partie liée à l’organisation de la sphère sociale et politique. Les tensions ou la proximité des pouvoirs politique et religieux n’ont pas seulement scandé l’histoire des siècles passés ou les événements des temps présents ; elles constituent une figure centrale de l’organisation politique du pouvoir qui, toujours, oscille entre les représentations d’un absolu intangible ou effectif et celles d’une liberté mondaine et assumée.