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2015

Publié le 22 oct. 2015

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Le  jeudi 22 octobre 2015

Jeco, 2015 Friches urbaines

Qu'en faire ? C/r L. Auffant

  • Jéco 2015

    Journées de l’économie à Lyon

     

    Mercredi 14 octobre 17h00 - 18h30 Que faire des friches urbaines ?

     

    Compte rendu de L. Auffant

     

    Intervenants :

    À Lyon,

    Benoît Bardet, Directeur Adjoint de la SPL (société publique locale) Lyon-Confluence

    Roelof Verhage, Directeur de l’Institut d’Urbanisme de Lyon - Université Lyon 2

    débattent avec :

    Yves Beauchamp, Professeur titulaire, École de technologie supérieure, Canada

    Sylvain Ducas, Directeur - Direction de l'urbanisme, Service de la mise en valeur du territoire Ville de Montréal, Canada

    Jean-François Grenier, Directeur principal, Recherche, évaluation et services conseils, Groupe Altus Limitée Recherche Marketing à Montréal

     

    Modérateur : Raphaël Ruffier, Lyon Capitale.

     

     

    Présentation de la conférence (plaquette des Jéco) :

    Les friches sont définitivement une problématique actuelle de nos villes, en France comme au Québec, mais aussi des territoires dans leur ensemble. Leur reconversion est un enjeu et un recours face à l’étalement urbain et de la pression foncière. Toutefois investir et construire sur une friche nécessite un travail préalable qui prend en compte la finalité sociétale de sa reconversion, le projet social, économique et la prise en compte du passé.

    Les friches seraient-elles une chance pour un nouveau projet de société ?

     

    Cette conférence était organisée sous la forme d’un duplex avec Montréal. À Lyon la conférence a eu lieu dans les nouveaux locaux de l’université catholique (campus Saint Paul, place des archives) c’est-à-dire sur la friche urbaine dont on nous a présenté la reconversion, plus précisément dans l’ancienne prison Saint Paul. À Montréal, les intervenants étaient dans le site Outremont de l’Université de Montréal, université installée sur une friche réhabilitée.

     

     

    Roelof Verhage : Pourquoi les villes se lancent-elles dans  des aménagements des friches ?  Toutes les villes occidentales connaissent des changements économiques, le tissu urbain se densifie alors qu’une partie des villes n’est pas forcément fonctionnelle.

    Des zones sont sous utilisées : les friches. Les terrains sont alors réhabilités car les villes ont envie de se développer, de lutter contre l’étalement qui pose des problèmes écologiques. Les attentes sont fortes, les projets sont ambitieux : qualité de vie, ville durable.

     

    Comment les villes se lancent-elles dans l’aménagement des friches ? Il s’agit de mettre en commun des moyens publics et privés. Nous pouvons construire une typologie des friches urbaines à partir de deux variables :

    -          La notion potentielle de développement (attractivité)

    -          La propriété publique ou privée de la friche, des terrains.

     

     

    Potentiel de développement fort

    Potentiel de développement faible

    Propriété foncière privée

    Projet « spontané » : réalisation par un opérateur privé, peu besoin de partager les risques (exemple : Londres, exemple à Lyon : les jardins de la Buire[1] près de Part-Dieu)

    Projet « difficile » (au début c’était le cas de Lyon Confluence)

    Investissements et prise de risques ð collectivité nécessaire

    Propriété foncière publique

    Projet « partenariat » : la collectivité prend les risques en échange d’investissements privés (les projets se font aisément car le territoire est attractif)

    Projet « public » : la collectivité peut déclencher le projet à condition d’avoir les moyens. (exemple : les logements sociaux même si ce ne sont pas forcément des friches au départ)

     

     Le défi à Lyon Confluence a été de passer d’un projet difficile à un projet spontané ou encore à un projet partenariat. Le Grand Lyon a acheté le terrain et a investi afin d’améliorer l’attractivité du site mais cela a un coût. L’enjeu pour les années à venir est de trouver des moyens pour attirer des investisseurs avec des partenariats (PPP).

     

    Benoît Bardet : aujourd’hui Lyon Confluence est une évidence ce qui n’était pas le cas il y a trente ans. La Confluence = 150 hectares. Peu d’investisseurs pariaient sur ce territoire au Sud de la presqu’île, vu comme une extension naturelle de centre-ville. La conquête du sud de la presqu’île a eu lieu à la fin du XVIIIème siècle par Michel-Antoine Perrache. Au départ tout était inondé, il n’y avait qu’une ferme. Ce territoire a été remblayé ce qui était très coûteux et ce qui a empêché d’en faire un quartier résidentiel. Il a fallu pactiser avec les industriels, c’est devenu un faubourg industriel (abattoirs, arsenal, usine à gaz pour éclairer la ville), puis prison au XIXème par LP Baltard (prisons Saint Paul et Saint Joseph).

     

    1857 : 1ère gare historique de Lyon construite à 6 mètres de hauteur (gare Perrache) ce qui a créé une barrière entre le nord et le sud de la presqu’île.

    1929 : construction d’HLM

    1961 : construction du marché de gros de Lyon : le plus gros MIN à l’époque (Rungis n’existait pas encore)

    Années 1970 : construction de l’A7 (2ème barrière physique en plein cœur de Lyon) et d’un centre d’échanges

    Ce sont 200 ans d’histoire industrielle, logistique, portuaire qui ont façonné le site.

     

     Le projet repose sur une ambition forte qui se déroule en plusieurs étapes[2]. Les enjeux :

    -          150 hectares (dont 70 hectares mutables) pour doubler le centre-ville sans reproduire à l’identique ce qui existe déjà

    -          La mixité sociale (30 % de logements sociaux) et fonctionnelle (un centre de loisirs, des activités sportives, culturelles, de loisir). Afin de faciliter l’intégration de nouveaux habitants dans le quartier, un dîner a été organisé entre les habitants et les « réservataires » (futurs habitants). On sait que ces projets de réhabilitation des friches urbaines créent une gentrification des quartiers (exemple de Sainte Blandine à Lyon), c’est un sujet sensible qui a été anticipé à Confluence.

    -          La nature en ville, la revalorisation du paysage : promenade piétonne et cyclable au bord de l’eau. On peut passer du temps libre, prendre l’air et se promener dans la ville (une ville dans la ville).

    -          Une ville durable (dépollution, espaces verts, jardins partagés, ruches). Lyon a le premier quartier durable reconnu par la WWF.

     

    Il fallait préserver l’identité industrielle, logistique et portuaire (Port Rambaud, la Sucrière), l’identité du quartier. Le problème des villes nouvelles est qu’elles n’ont pas d’identité, pas d’âme, ce sont des villes désincarnées. Ici il s’agissait de conserver les repères de l’histoire tout en reconvertissant le patrimoine. Ainsi, pour le marché de gros, une partie des halles a été conservée (usages éphémères mais aussi installation d’une école d’architecture dans une halle réhabilitée, installation de l’université catholique dans l’ancienne prison Saint Paul). Il fallait aussi dépolluer pour assumer l’héritage industriel qui a fait la fortune de la ville. Une étude a montré qu’un euro investi sur l’aménagement de Lyon Confluence générait 6 euros dans le secteur privé.

     

    L’exemple du quartier Outremont (de Montréal) qui accueille l’université de Montréal[3] a été présenté : ce projet est plus ancien que le projet lyonnais et présente des similitudes : rôle des transports (métro et voie ferrée), de l’éducation, la présence d’une ancienne gare, la volonté de désenclaver une partie de la ville et de la redynamiser, la dépollution et le souci du développement durable. À Outremont, une étude a montré qu’un dollar investi pourrait générer 3 dollars sur un horizon de 10 ans d’exploitation des entreprises. L’enjeu à Outremont était aussi de recréer des liens entre des quartiers au sud d’Outremont riches, nantis et des quartiers au nord d’Outremont défavorisés.