Au cours des deux dernières décennies, des parents d’élèves qualifiés traditionnellement de “ surdoués ” ou de
“ précoces ” se sont regroupés en associations et ont souhaité faire entendre, de manière publique, leurs
revendications. A tous les niveaux, ils sollicitent les responsables de l’Education nationale pour demander une
meilleure réponse aux besoins de leurs enfants, en estimant que l’organisation actuelle du système éducatif ne
prend pas en compte leur spécificité. Ils font état, avant tout, de la situation d’une part importante de la
population dite “ intellectuellement précoce ” ( le quart? le tiers ?) qui rencontrerait des difficultés, parfois
graves, dans son parcours scolaire. La première attente des familles est donc que tout soit mis en œuvre pour
prendre en charge, et d’abord prévenir, la souffrance de ces élèves qui, bien que disposant d’aptitudes
particulières, se trouvent, ou sont susceptibles de se trouver, en échec dans leurs études. D’une manière plus
globale, ils demandent que soient repérés, le plus tôt possible, tous les élèves considérés comme
“ intellectuellement précoces ” pour leur offrir des conditions de scolarité adaptées, afin de leur permettre de
développer pleinement leurs potentialités.
Il est certain que ces attentes ne doivent pas demeurer longtemps sans réponse. Nous ne pouvons pas rester
indifférents à la situation de souffrance et de difficulté d’un élève (quel que soit son “ potentiel ”). De même, s’il
est difficile d’envisager a priori une école à plusieurs vitesses prédéterminant des catégories d’enfants en
fonction de leurs aptitudes et offrant des conditions de scolarité exceptionnelles à ceux qui seraient reconnus
comme les plus “ doués ”, il est tout aussi difficile de concevoir que notre système éducatif, fondé sur la volonté
d’accueillir, sans exclusion, tous les élèves et de conduire chacun au plus haut niveau de réussite, puisse laisser
de côté ceux qui, à un moment de leur vie, manifestent des “ aptitudes ”, des “ talents ”, des “besoins
d’apprentissage ” un peu différents ...
Nous avons donc à répondre à deux questions :
- Quelles solutions apporter aux élèves “ intellectuellement précoces ” qui rencontrent des difficultés dans leur scolarité ?
- Des mesures sont-elles nécessaires pour que l’école puisse mieux prendre en charge l’ensemble des élèves bénéficiant d’aptitudes particulières ?
L’examen de ces questions suppose d’abord de définir clairement la population dont nous parlons : qui sont ces
élèves ? que sait-on d’eux ? que recouvrent les expressions “ surdoués ”, “ intellectuellement précoces ”, “ élèves
à haut potentiel ” ? Il est évident que tous ces termes sont chargés de connotations dont il faut nous garder. Sans
cet effort préalable pour délimiter le problème qui nous est posé et pour faire le point sur l’état des informations
dont nous disposons, toute conclusion ou suggestion, s ur un thème aussi sensible, serait susceptible de soulever
des polémiques, voire des débats idéologiques.
Il faudra ensuite analyser plus précisément les difficultés rencontrées par une partie de ces élèves, puis faire
l’inventaire des dispositifs déjà mis en œuvre dans certains de nos établissements ou dans d’autres pays. Cette
démarche nous permettra de dégager quelques pistes de travail. Bien entendu, ces préconisations, dans l’état
actuel de nos connaissances, ne pourront être que modestes et prudentes .
Ce rapport est le résultat d’une réflexion collective conduite par un groupe de travail qui s’est réuni douze fois
depuis septembre 2000. Ses conclusions sont d’abord fondées sur des entretiens avec les représentants des
principales associations, avec des équipes engagées dans l’accueil des enfants intellectuellement précoces et avec
des chercheurs. Elles s’appuient fortement sur les rapports réalisés, dès l’été 2000, par Messieurs Pierre
Vrignaud et Denis Bonora (Service de recherche de l’Institut National d’Etude du Travail et d’Orientation
Professionnelle) et par Madame Mathilde Bouthors (Institut National de Recherche Pédagogique). Ces travaux,
qui constituent la base bibliographique du présent rapport, sont joints en annexe.
Avant la mise au point du rapport définitif, nous avons souhaité recueillir l’avis d’un certain nombre de
partenaires (représentants des psychologues scolaires, des rééducateurs et des conseillers d’orientation-
psychologues, principaux syndicats enseignants et fédérations de parents d’élèves) afin de consolider nos
conclusions et de prendre en compte l’ensemble des points de vue concernés. Enfin, il nous a paru important de
consulter l’Inspection générale de l’Education nationale.
Sommaire
Introduction
1- Qui sont les enfants “ surdoués ” ou “ intellectuellement précoces ”
1-1 De quels enfants est-il question ?
1-2 Le quotient intellectuel (QI)
1-3 Que savons nous de ces élèves ?
1-4 Quel nom donner à cette population ?
2- Quel est le problème scolaire posé par les enfants à quotient intellectuel élevé ?
2-1 La parole de familles confrontées à des situations douloureuses
2-1-1 La réaction de certaines familles
2-1-2 Les associations
2-2 La situation scolaire des élèves dits “ intellectuellement précoces ”
3- Des réponses à l’étranger et en France
3-1 La situation dans les autres pays
3-2 La position des organisations internationales
3-3 La situation en France
3-3-1 Le cadre institutionnel
3-3-2 Les initiatives
3-3-2-1 Une première expérience à Nice
3-3-2-2 Des démarches conduites dans certains collèges
3-3-2-3 Des initiatives récentes
3-3-2-4 L’enseignement privé
3-4 Les solutions adoptées – les pistes de recherche
4- Vers des propositions ...
4-1 Quelques conclusions
4-2 Des voies de proposition
Mieux connaître les élèves “ intellectuellement précoces ”
Prévenir les difficultés
Accueillir les familles et les accompagner tout au long de la scolarité
Apporter une réponse aux difficultés rencontrées dès l’école primaire
Adapter les rythmes d’apprentissage aux besoins des élèves
Développer des possibilités d’enrichissement des parcours
Dans le second degré, accueillir dans des classes hétérogènes
Former les enseignants : vers une formation à la “ diversité ”
Définir des stratégies globales