Les mots du confinement

Publié le 28 mars 2020 Modifié le : 4 mai 2020

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Le  samedi 28 mars 2020

Les mots du confinement : GUERRE

Article réalisé par Gérald ATTALI, IA-IPR HG

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    Edito : les mots du confinement

     

    Mots 2 : GUERRE

     

    « C’est la guerre ! » Le président de la République l’a répété à plusieurs reprises dans son discours prononcé le 16 mars. Ce n’est pas complètement vrai, nous ne sommes pas en guerre, mais la référence à la guerre est la seule qui peut entraîner toute une population à se mobiliser… enfin ! La mobilisation est le moyen d’assurer une prise de conscience et avec elle l’action. Sans elle, impossible d’encourager les individus à changer leurs habitudes, à rompre avec leur quotidien, à renoncer aux bénéfices — grands et petits — du présent. La mobilisation impose de faire société autrement ; elle a besoin d’une raison fondamentale pour cela. C’est pourquoi la référence à la guerre est si efficace, car elle désigne forcément un ennemi. Un ennemi ? Comme souvent, l’autre c’est l’ennemi et il faut le garder à distance. Pour autant, cet ennemilà — le vrai, celui qui impose de se tenir à distance d’autrui — est à la fois invisible et partout présent ; la menace qu’il fait peser a plus à voir avec la radioactivité qu’avec un bombardement. La guerre est désormais dans tous les esprits. Pas de jour, sans qu’il y soit fait référence à la faveur des évènements du quotidien. Qu’à la veille du confinement des Parisiens fuient massivement Paris pour la province et aussitôt resurgissent les images de l’exode de 40. Que d’autres, partout en France, forment d’immenses files d’attente devant les magasins et voilà que sont réveillés les souvenirs du rationnement. Enfin, que s’accroissent les restrictions apportées à la circulation des individus sur le territoire et immédiatement reviennent les allusions à une France démembrée, contrainte de se terrer sous l’Occupation. C’est dans ces moments que l’on découvre la force des images qui pétrissent la mémoire collective d’un pays. Incontestablement, ce sont celles qui sont véhiculées par la Seconde Guerre mondiale que les médias sollicitent pour interpréter ce qui arrive.

     

    La référence à la guerre est aussi porteuse d’un enseignement majeur résumé par cette phrase, « La première victime de la guerre, c’est la vérité ». Pas de nouveau jour de confinement sans qu’émergent des « fake news », des fausses nouvelles, des contre-vérités, des ragots ou, comme on le disait dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, des bobards. Les moyens numériques dont nous disposons avec Internet vont même jusqu’à créer — et entretenir — dans certains secteurs de l’opinion publique « une mentalité conspirationniste ». La dénoncer est nécessaire, mais en comprendre les ressorts et en expliquer la logique sont aussi des urgences. De récentes enquêtes n’ont-elles pas montré la capacité des théories complotistes à gangréner le discours médical ? Dans la lutte contre le Covid-19, convenons que la recherche de la vérité s’impose à toute éducation qui ambitionne de former le futur citoyen.

     Par Gérald ATTALI, IA-IPR H-G