Enseignement moral et civique (EMC)

Publié le 29 mars 2020

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Le  dimanche 29 mars 2020

Posts et rebonds. Quand se laver les mains devient un acte civique

Article réalisé par Marie-Christine de Riberolles—CMI Citoyenneté

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    Posts et rebonds

    Quand se laver les mains devient un acte civique

     

    Nous avions oublié à quel point des gestes simples peuvent nous protéger et combien le bon sens est nécessaire à la survie.

    L’enquête IFOP du 26 février 2020 montrait que les Français avaient oublié ces gestes du quotidien que les hygiénistes du XIXe siècle avaient érigé comme une culture publique. Ainsi, seuls 68 % des Français se lavent les mains en sortant des toilettes. Pour ceux qui ont connu les leçons de morale à l’école primaire, le lavage des mains et les principes d’hygiène étaient présents dans ces instantanés du matin qui rappelaient les règles de bon sens et de savoir-vivre. La culture républicaine avait intégré des principes anciens comme celui de se laver les mains avant de prendre un repas, que l’on trouvait chez les premiers peuples comme les Hébreux et d’autres principes plus récents, s’appuyant sur les découvertes scientifiques. De ces leçons de morale du matin se dégageait l’idée que le bon citoyen était celui qui respectait ces leçons d’hygiène pour le bien commun, et que la morale permettait de construire une Nation sur des règles sanitaires faciles à partager.

    Avec l’effacement progressif de la culture paysanne, l’éclatement des structures familiales et l’avènement d’une culture mondialisée et numérique, les principes de bon sens, hérités du passé, se sont souvent perdus, principalement dans les grandes métropoles. C’est ainsi que, depuis quelques années, les politiques de santé publique ainsi que l’OMS ont rappelé des préceptes généraux pour éviter les épidémies et rester en bonne santé (sensibilisation au lavage des mains pour la prévention des diarrhées-2015). Les rappels des personnels de nettoyage dans les toilettes, les récentes campagnes de sensibilisation, les conflits, parfois dans les lieux intimes communs, ont montré combien était nécessaire le rappel de ces principes d’hygiène.

    La pandémie actuelle nous invite à redécouvrir ces pratiques de bon sens. Mettre en quarantaine pour éviter de propager la maladie était déjà autrefois une préoccupation comme le décrit Jean Giono dans son roman, Le Hussard sur le toit. Cependant la crise sanitaire actuelle introduit une nouveauté, celle de permettre aux systèmes de santé de demeurer opérationnels et, pour cela, que chacun prenne en charge une part de ce combat. Cela nous renvoie à notre vision du citoyen, par un civisme non pas axé sur nos droits, mais sur nos devoirs envers les autres et la communauté locale et nationale.

    Dans nos confinements, nous découvrons combien ces gestes-barrières nous prennent de temps et de concentration. Nous observons les risques dans la précipitation, notre difficulté à garder l’objectif et à ne pas faillir, car notre oubli peut avoir des conséquences pour les autres. C’est un nouvel apprentissage qui nous décentre de nos préoccupations et de nous-mêmes pour mieux prendre en compte la dimension collective de nos relations avec la famille, le cadre de travail et plus largement avec la société.

    À travers cette expérience, il ne faudrait pas oublier la chance que nous avons, d’ouvrir notre robinet pour pouvoir nous laver. L’eau est un bien précieux qui nous permet de surmonter ce type de crise. Mais comment les sociétés où l’eau manque, principalement en Afrique subsaharienne vont-elles traverser la crise? À voir l’engouement ces derniers jours, des Africains, à se fournir en cloroquine, il est aisé d’imaginer les risques encourus par ce continent dans les prochains mois.

    https://www.who.int/gpsc/5may/background/fr/

     

    Par Marie-Christine de Riberolles—CMI Citoyenneté