Les mots du confinement

Publié le 10 avr. 2020 Modifié le : 4 mai 2020

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Le  vendredi 10 avril 2020

Les mots du confinement : Virus

Le mot de la semaine : Virus

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    Les mots du confinement

    Virus

    Issu du latin, le terme signifie simplement poison. Cette origine lointaine pourrait laisser supposer que la connaissance des virus est ancienne. Il n’en est rien. Il a fallu attendre la naissance d’une médecine moderne à la fin du XIXe siècle pour que les virus soient d’abord identifiés comme des agents infectieux, puis l’invention du microscope électronique au début des années 30 pour qu’ils soient enfin observés. On sait aujourd’hui qu’ils sont très nombreux et qu’ils ne sont pas tous dangereux, notamment parce qu’ils sont normalement liés à un écosystème. C’est quand ils s’émancipent de ce dernier et franchissent « la barrière des espèces » que se développe l’épidémie. Le processus infectieux est ensuite connu, car dépendant des déplacements des porteurs du virus. Cartes et courbes sont actuellement les meilleurs outils de suivi de ce qui était au départ une épidémie et qui est devenue une pandémie qui affecte une bonne partie de la planète.

    Ces informations seraient incomplètes si l’on omettait d’y ajouter un constat : les médicaments qui permettent de lutter contre les virus — et tout particulièrement contre le coronavirus — sont peu nombreux et leurs bénéfices controversés. Paradoxe : la science peut assez rapidement d’identifier les caractéristiques d’un virus et ses mécanismes de propagation, mais les moyens qui permettent de contrecarrer ses effets néfastes sur la santé humaine relèvent de la prophylaxie ; c’est-à-dire au bout du compte de la prévention. Dans l’attente d’un vaccin pour prémunir les corps, les sociétés ont trouvé dans le confinement la seule parade relativement efficace à la diffusion de l’épidémie de Covid-19. Faute de pouvoir en guérir, on s’en protège par l’isolement et la réclusion pour une durée… d’au moins six semaines1.

    S’il est difficile de dater précisément la fin du confinement, il paraît plus aisé de commencer à traiter un autre problème : comment préparer le retour à la normale ? De nombreuses réflexions sont conduites dans l’institution scolaire pour identifier les voies d’un rétablissement qui tienne compte des effets de la continuité pédagogique. Après sera-t-il comme avant ? Il est hasardeux de répondre positivement à une telle question. De plus, au fur et à mesure que se précisent les contours du changement à venir, c’est le sens même de l’expression « retour à la normale » qui est peu à peu critiqué. Car que pourrait être un tel retour alors même que le recul de la pandémie ne signifierait pas forcément son extinction immédiate ? Contenir l’épidémie, ne suffira pas à la faire disparaître2.

    Comment l’École doit-elle se préparer à la fin du confinement ? Si le civisme a permis d’engager tous les membres de la communauté éducative dans la continuité pédagogique, il sera encore plus nécessaire de faire appel à leur esprit civique quand ils prendront conscience que les mesures de protection sanitaire risquent d’être durables et qu’elles pourraient ne pas prémunir complètement contre le retour du virus. Ce que nous inventons avec la continuité pédagogique risque fort de s’imposer encore longtemps… au moins jusqu’à la découverte d’un vaccin.

     

    1 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_23_mars_2020-2.pdf

    2 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_16_mars_2020.pdf