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Ambitions citoyennes

Publié le 4 sept. 2020

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Le  vendredi 4 septembre 2020

Témoignage d’Elfi NIBOUREL, principale adjointe du Collège Cousteau de Rognac

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  • Témoignage d’Elfi NIBOUREL, principale adjointe du Collège Cousteau de Rognac

     

    Quand nous apprenons le 16 mars que les établissements scolaires vont fermer, le premier sentiment qui me traverse est la sidération et la perplexité. Puis rapidement cette sidération se mue en volonté d’agir face à l’urgence de cette situation exceptionnelle. Agir pour mettre en place la continuité pédagogique, agir pour rassurer les personnels, les élèves et leurs familles. Le terme de guerre contre le virus est évoqué, de notre côté je parlerais de combat pour l’éducation. Et ce combat a été dur à mener. En peu de temps, les professeurs ont fourni un travail formidable en se mobilisant avec des outils numériques qui parfois leur étaient inconnus. Beaucoup ce sont montrés volontaires pour nous aider à accueillir les enfants des soignants. Tous les personnels ont fait preuve de beaucoup de solidarité : des AED aux AESH, en passant par les agents et les personnels psycho-sociaux. Tous ont compris que même si notre communauté éducative était dispersée, nous devions rester unis pour nos élèves.

    Derrière la continuité pédagogique, ce qui a été capital de protéger fut le lien entre nous. Ce lien a été essentiel pour nous permettre de tenir. On attend d’un chef d’établissement qu’il soit un pilote administratif, éducatif et pédagogique. Nous avons développé un pilotage social et solidaire. Tous les jours permettre à chacun de se sentir membre de la communauté. Tous les jours, rassurer, motiver et écouter. Des chaines téléphoniques d’une grande générosité ce sont mises en place entre les professeurs et leurs élèves. Les familles ont apprécié ce lien avec l’Ecole.

    Passée la première urgence, une réflexion sur le long terme s’est mise en place. Des réunions virtuelles ont été tenues, des propositions ont commencé à émerger pour la rentrée prochaine, des actions ont été tentées pour lutter contre le décrochage de certains de nos élèves.

    La communauté éducative dont je suis fière de faire partie a finalement accepté cette situation. Accepter ce n’est pas subir son sort. Ce n’est pas avoir le choix mais essayer d’en faire sortir quelque chose de positif. Et tant de choses positives sont sorties de ce confinement ! Les professeurs se sont emparés du numérique et un bond en avant exceptionnel a été fait. Des innovations fantastiques ont été proposées dans les apprentissages. Le suivi personnalisé des élèves a fait toucher du doigt pour beaucoup d’entre nous l’importance d’une individualisation des parcours chaque enfant. Le lien avec les familles s’est renforcé, s’est apaisé.

    Oui notre monde et le monde éducatif en particulier ont été ravagés par cette crise. En chinois, le mot « crise » est composé de deux signes : danger et opportunité. En grec, « krisis » annonce un moment, dans la souffrance, où l’on décide de changer, d’avancer.
    Le 11 mai, le déconfinement nous est annoncé et à l’heure actuelle, nous ne savons pas encore les modalités pour les réouvertures des établissements scolaires. Ce dont je suis sûre pourtant c’est que nous devons réinventer l’Ecole pour nos élèves. Nous devons sortir grandis de cette crise et riches de nos expériences pour créer de nouveaux lieux de savoirs et de transmission des connaissances. La gestion de l’après crise va être longue et complexe mais nous, communautés éducatives, citoyens engagés nous devons nous emparer de cette réflexion.