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Edito

Publié le 19 mai 2020

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Le  mardi 19 mai 2020

Edito. Bas les masques !

Article réalisé par Eric Rusterholtz, PVS coordonnateur du CAESC.

  • Crédits Alexandra Koch—Pixabay

     

    Bas les masques !

     

     

    À l’heure de l’ouverture progressive des Écoles et des collèges, les médias s’intéressent davantage aux enseignants et aux conditions dans lesquelles ils vont accueillir les enfants. Hussards noirs de la République, en première ligne dans cette « guerre » telle que décrite par le Président, leur engagement est reconnu et recueille le respect mérité de la Nation.

     

    Mais cette reconnaissance n’est-elle pas tardive ? Si en temps ordinaire l’École reste un des rares lieux d’équité sociale — au sens où tous les enfants de France ont accès au savoir sans distinction — elle a su également dès les premiers instants de la crise montrer qu’elle était aussi une institution solide. Au même titre que les personnels hospitaliers, de nombreux professeurs et encadrants en École et collège ont accueilli dans des conditions sanitaires limitées les enfants des personnels soignants sans hésiter. Ils auraient pu sans nul doute être associés aux applaudissements de la population chaque soir.

     

    Reconnaître l’enseignant dans ses missions, mais pour quel enseignement ?

     

    Depuis l’avènement d’Internet et des nouveaux médias, le monde de l’enseignement s’est profondément remis en question. Si les sciences cognitives démontrent que l’attention est le premier facteur de réussite et de mémorisation, nous avons cru trouver une solution miracle dans l’utilisation de tablettes en classe, tant pour intéresser les élèves que pour focaliser leur attention. Mais le résultat de ces expérimentations est très contrasté.

     

    L'utilisation des écrans, dont les effets délétères sur les jeunes enfants prêtent encore à controverse, interroge. À l’heure du développement du télétravail, imposé par la situation actuelle de crise ou plébiscité par les entreprises comme nouveau mode de fonctionnement, ne faut-il pas avoir un esprit critique sur notre utilisation du numérique et ses conséquences sur nos relations sociales ?

     

    Que nous reste-t-il de nos années d’École ? Un sourire et des encouragements d’un professeur que l’on adorait, un regard noir d’une maîtresse qui nous intimidait, un coup de foudre pour un ou une camarade, une main rassurante sur notre épaule d’un enseignant qui nous consolait. Tous ces souvenirs sont issus de nos relations sociales, qu’aucun écran ni aucun travail à distance n’aurait permises.

     

    Le retour progressif à l’École est une bonne chose, dans la mesure où il marque la fin d’une période inédite et angoissante, et à une esquisse de retour à la normale. Esquisse seulement en raison du nombre limité d’élèves contraints à respecter une distanciation sociale contraire à leurs habitudes, mais surtout en raison du port d’un masque qui réduit considérablement ce qui fait de l’École un lieu d’apprentissage social.

     

    Tant que les masques seront nécessaires, l’École en présentiel ne sera guère différente de l’École en distanciel, et pas plus efficace. Le retour à la normale ne sera réel qu’à la condition que tombent les masques.