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Edito

Publié le 8 juin 2020

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Le  lundi 8 juin 2020

Edito. 67 millions de sélectionneurs.

Article réalisé par Eric Rusterholtz, PVS coordonnateur du CAESC.

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    L’effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de surconfiance, pousse les moins qualifiés, dans l’incapacité de mesurer leur niveau de connaissance dans un domaine, à surestimer leur compétence.

    Le haut niveau de compétence requis aujourd’hui dans de nombreux secteurs, notamment scientifiques, ne fait qu’accentuer cet effet. La crise du Covid19 en est un exemple flagrant. Combien de journalistes, d’hommes politiques ou de simples quidam se sont-ils lancés dans des avis fermes et définitifs sur ce qu’il fallait décider pendant la crise ? Combien d’utilisateurs de réseaux sociaux ont-ils « liké » ou partagé de fausses informations, convaincus de leurs véracités – parfois simplement parce qu’ils ne parvenaient pas à les comprendre.

    Le cas de l’hydroxychloroquine est révélateur de ce phénomène. Si le docteur Raoult et ses collègues infectiologues, bien qu’en désaccord, ne peuvent être soupçonnés d’incompétents, il en est tout autre des néophytes ayant pris parti sur la question. Ainsi, est-il concevable que des hommes politiques importants, libres de suivre la prescription médicale de leur choix, en vantent l’efficacité et en valident l’intérêt ?

     

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     Crédits Arjuna Filips

     

    L’école est avec la médecine le domaine qui a été depuis plusieurs décennies le plus exposé à ce phénomène. Beaucoup de parents, en raison de leur expérience d’élèves et des nombreuses années passées à l’école, se croient compétents pour juger des pratiques pédagogiques ou des décisions d’orientation, voire de la manière de diriger un établissement. Alors que les mots de « partenaires » et de « co-éducation » ont tout leur sens pour accompagner les élèves, leurs enfants, l’intervention parfois maladroite de certains parents, généralement en fin de processus (prononciation d’une punition ou d’une sanction, décision d’orientation ; etc.), met l’école sous tension.

    Alors, comment parvenir à « l’école de la confiance » ? Par l’engagement de tous les instants des professionnels pour concilier exigence et bienveillance, rigueur et écoute, nécessaires pour supprimer la violence éducative ordinaire1 mais aussi par la réaffirmation régulière des domaines de compétences qui ne peuvent être partagés. Et à défaut d’atteindre le plateau de la consolidation, mettons-nous d’accord, dans l’intérêt de ce que les parents ont de plus cher, et de ceux qui sont à l’origine de notre engagement professionnel, pour travailler dans la vallée de l’humilité.

     

    1 « Investir la relation pédagogique : Repères pour l'éthique de l'enseignement » – C. Marsollier, IGEN EVS