L’égalité des sexes, la santé, les droits des filles et des femmes constituent des enjeux majeurs sur lesquels repose notre avenir à toutes et tous. Atteindre ces objectifs en matière d’égalité n’incombe pas seulement à la combativité des femmes : il s’agit en réalité d’une question de société nécessitant l’implication de tous. Chacun a un rôle à jouer pour parvenir à ce futur plus équitable. Les gouvernements, la société civile et le secteur privé doivent engager des réformes ambitieuses en faveur de l’égalité femmes-hommes, tant à l’échelle nationale par l’adoption de nouvelles politiques publiques qu’au niveau des organisations internationales, au travers de réformes structurelles. En France, le Président de la République en a d’ailleurs fait une grande cause de son quinquennat, en reconnaissant que nous avons beaucoup à faire.
Dès 1995, 189 pays ont adopté la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, une feuille de route en faveur de la promotion de l’égalité femmes-hommes et des droits de la femme. Elle est réaffirmée en 2015, dans les objectifs du millénaire de l’ONU, et plus récemment lors du forum génération égalité en mars et juin 2021. Derrière ces 17 objectifs développement durable se trouvent de nombreuses cibles et indicateurs, qui permettent d’envisager un monde plus juste, plus sûr pour tous et plus respectueux de la planète d’ici 2030.
La question des inégalités de genre concerne l’ODD 5, mais elle croise de nombreux autres objectifs comme l’ODD 8 « travail décent » (en France, 70 % des travailleurs précaires sont des femmes), mais aussi l’ODD 1 « lutte contre la pauvreté », et plus encore l’ODD 4 « éducation de qualité ». On le voit ici, le sujet est complexe, transversal. Enfin, on pourrait interroger la question des indicateurs, car de nombreux pays ne collectent pas les données qui sont rarement genrées.
La parité hommes-femmes encore loin d’être respectée dans le monde
En France le principe de parité selon lequel l’accès des hommes et des femmes aux fonctions électives, mandats électoraux et aux responsabilités professionnelles et sociales, est inscrit dans la Constitution depuis juillet 2008. L’ODD 5 fait référence de manière explicite à ce principe par son objectif 5 « Garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique ». Par cet objectif, ce principe tend alors à l’universel.
Pourtant, malgré les déclarations d’intention et cette prise de position forte et institutionnalisée de l’ONU, la parité est loin d’être atteinte. Malgré une participation accrue des femmes à la vie publique, les hommes au pouvoir ne cèdent pas facilement leur place. Certains même, s’opposent à leur présence à des postes à responsabilité. On ne compte à l’heure actuelle que 22 femmes chefs d’État sur les 197 pays du monde. Cela ne représente que 6 % des chefs d’État dans le monde. La présidence d’Angela Merkel en Allemagne a certes marqué les esprits, mais peut-être n’a-t-elle été que l’arbre qui cache la forêt. Mais les choses évoluent…
Ainsi dans le monde, les femmes occupent désormais 21 % des postes ministériels, soit cinq points de pourcentage de plus qu’en 2010. Seuls 14 pays ont des gouvernements dont 50 % des postes ou plus sont occupés par des femmes. Dans 16 pays, 40 % à 49,9 % des ministres sont des femmes, mais elles restent bien moins présentes dans les cabinets. Avec une progression annuelle de seulement 0,52 point de pourcentage, la parité des genres dans les postes ministériels ne sera obtenue qu’en 2077 !
Enfin, la proportion de femmes parlementaires a doublé au niveau mondial depuis 1995, mais les hommes détiennent toujours 75 % des sièges. Bien que le rôle principal des parlements nationaux soit la représentation de tous les citoyens !
L’adoption de lois fixant des quotas de femmes et leur respect sont les principales mesures ayant permis d’améliorer la participation des femmes à la prise de décisions aux niveaux national et local. Cette question des quotas divise cependant et fait toujours débat. Elle promeut en effet une égalité de résultat qui, pour certains, peut s’opposer au principe d’égalité des chances. Ses détracteurs, notamment en France, soulignent les risques de rupture d’égalité républicaine voire d’effet discriminant allant à l’encontre de la cause de l’émancipation féminine.
Le principe d’égalité de résultat porté au niveau international par le programme d’Action de Beijing de 1995 progresse cependant dans le monde. Il participe en tout cas, à l’instar de ce que préconise l’ODD 5, à l’affaiblissement des inégalités criantes existant encore entre hommes et femmes dans l’accès aux postes de responsabilité.
Comment intégrer la problématique de l’égalité femmes-hommes au sein d’une stratégie de DD à l’école ?
L’engagement des nouvelles générations est un moyen fort de lutter contre les idées reçues, les stéréotypes, les discriminations de toute nature et de conduire nos élèves à mener une réflexion autour de la thématique des inégalités de genre au sein de nos sociétés tant en France que dans le monde. Cette réflexion se doit d’être menée d’abord en classe en articulation avec les programmes d’EMC, d’histoire-géographie, de français, de SVT ou de philosophie. L’enjeu est de trouver la bonne entrée, la bonne problématique, susceptible de toucher nos élèves, de bousculer leurs certitudes et d’être déclencheurs de prise de parole et de débats. Aborder la question de l’alphabétisation des femmes dans le monde peut, par exemple, être une entrée pédagogique particulièrement pertinente pour évoquer les liens existant entre les inégalités homme-femme et les inégalités de développement, les blocages religieux, sociaux ou ethniques s’opposant à l’émancipation des femmes ou les politiques volontaristes de certains États ayant compris que l’émancipation féminine et la lutte contre le mal-développement passaient forcément par la promotion d’une école pour tous, ne faisant pas distinction de genre.
À cet égard, l’ODD5 associé à certains autres (ODD4, 0DD10, ODD16) peut constituer une très belle opportunité de mettre en perspective l’exemple étudié et de sensibiliser les élèves à l’éducation au développement et à la solidarité internationale.
À l’échelle d’un établissement, la mobilisation des élèves peut se faire à l’occasion d’un événement particulier - Journée internationale des droits des femmes, journée internationale de la fille, semaine de la presse, journée internationale de l’alphabétisation- dans le cadre d’actions menées par les CVC, les CVL ou les éco-délégués et en articulation, pourquoi pas, avec la stratégie d’une démarche d’E3D. Les CESC (Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté) devenus peut-être CESCE (Comité d’Éducation à la Santé, à la Citoyenneté et à l’Environnement) seront certainement à l’avenir les lieux privilégiés d’établissement de telles stratégies en lien, inévitablement, avec la mise en place de parcours citoyens.
À l’échelle du département ou de l’académie, les CDESCE et les CAESCE devront être mobilisés pour relayer les actions phares et impulser une politique volontariste sous la férule du ou de la référent(e) « Égalité filles-garçons ».
Les ODD offrent l’opportunité d’une vision universelle des droits fondamentaux et démocratiques auxquels les hommes et les sociétés humaines sont en droit d’aspirer. En s’appuyant sur l’approche systémique proposée, ils peuvent être une porte d’entrée pour faire converger les démarches et aboutir à terme, à une affirmation assumée de l’égalité hommes-femmes à travers le monde.