Né en 1894-95, le cinématographe est contemporain de l’enracinement de la République en France, au travers des grandes batailles (de l’Affaire Dreyfus à la séparation des Églises et de l’État) comme dans la progressive acculturation républicaine des masses. Dans la formidable effervescence idéologique de ce temps, dans les affrontements politiques et culturels, les images animées se révèlent très vite un instrument puissant d’information, de communication, de manipulation déjà, d’éducation aussi sans doute, par le goût très vif qu’elles suscitent dans un public socialement de plus en plus large et souvent encore sous le charme de la nouveauté. Alors que l’industrie cinématographique française est la première du monde avant celle des États-Unis, les grandes villes se couvrent de salles immenses et luxueuses et le cinéma devient en France la distraction par excellence des foules urbaines : à côté des fictions qui émeuvent ou qui amusent tout-un-chacun, les images dites d’actualité jouent en complément de programme un rôle attendu d’ouverture sur le mouvement du monde.
L’étude présente, doit permettre de s’interroger sur :
— les évolutions techniques qui conditionnent en amont la réalisation des images ;
— les conditions économiques et sociales de production qui peuvent commander tout ou partie de leur contenu ;
— les modalités de leur diffusion de masse ;
— leur réception par les publics, dans leur segmentation sociale, culturelle, générationnelle ;
— leur rapport aux pouvoirs, politique, religieux, économique : censure ou propagande, mise en scène ou manipulation.
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