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2013

Publié le 20 nov. 2013

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Le  mercredi 20 novembre 2013

Jeco 2013 3

Réformes économiques

  • Jeudi 14 Novembre 2013, 15h-16h30

     Réformes économiques : quelles priorités ?

     

    Présentation :

     

    Les réformes structurelles ont pour objectif final de réduire les inefficacités de nos économies et d’en permettre une croissance plus forte. Mais de telles réformes ont également des effets collatéraux, notamment lorsqu’elles sont mises en œuvre dans des périodes où l’économie est fragilisée et où ses ressorts ne sont pas ceux qu’on peut attendre en régime de croisière.

    De même, l’on sait qu’un système économique totalement efficace n’est pas gage d’équité ni de clairvoyance sur les risques qui pèsent à court ou à long terme. Il peut être par exemple utile de renoncer à une croissance maximale dans le scénario le plus plausible si c’est le prix à payer pour se couvrir contre un risque. Le décideur politique doit avancer dans un programme de réformes qu’il hiérarchise.

    Quelles règles doit-il retenir, au-delà des aspects budgétaires, pour prioriser ces réformes ? Comment doit-il articuler le court et le long terme et intégrer une logique forcément multicritères ?

     

    Table ronde retransmise samedi 16 Novembre (émission « On n’arrête pas l’économie ») sur France Inter. Cette table ronde a été organisée dans un premier temps avec quatre intervenants (Patrick Artus, Jean-Claude Mailly, Yannick Moreau et Jean Pisani-Ferry) puis un grand témoin des Jéco (François Bourguignon) les a rejoints.

    Modérateur : Alexandra Bensaïd (France Inter)

    http://www.franceinter.fr/emission-on-narrete-pas-leco-reformes-economiques-quelles-priorites

     

     

    Jean Pisani-Ferry (Commissaire général à la stratégie et à la prospective)

     

    Une réforme est nécessaire mais pas populaire, un peu comme un rendez-vous chez le dentiste. Cela ne signifie pas forcément un changement radical mais des solutions pour répondre à un dysfonctionnement. Deux volets : économique, social.

     

    Jean-Claude Mailly (Secrétaire général de FO)

     

    La crise peut être définie comme une période entre deux modèles. Par conséquent il faut des réformes, cependant ce mot a une connotation négative (d’ailleurs on parle aussi de contreréforme) car souvent il s’agit d’un recul des droits sociaux. Première priorité : une réforme fiscale, deuxième réforme : le financement de la protection sociale collective (sentiment que ce n’est pas équitable : exemple des entreprises qui échappent à l’impôt grâce à l’optimisation fiscale). On doit aussi poser la question européenne, un pacte budgétaire européen parce que la croissance est bloquée et que la déflation est là.

     

    Yannick Moreau (Présidente de la Commission pour l’avenir des retraites)

     

    Quand on parle de réformes, il ne faut pas oublier ce qui a déjà été fait (cf. retraites). Il faut aussi distinguer ce qui dépend de nous et ce qui dépend de l’international. Il est important qu’il y ait un commissariat général au plan qui propose des projets.

     

    Patrick Artus (Directeur de la Recherche et des Études Natixis)

     

    Le débat pour mener ces réformes c’est la croissance de long terme. Le problème est l’érosion de la productivité depuis 30 ans. Aujourd’hui, notre capacité à générer du progrès technique est nulle. Il en découle une incapacité à financer la dépendance, les retraites, à se désendetter. Le potentiel de croissance est compris entre 0,5 et 1, c’est trop faible pour se désendetter. Pourquoi ce potentiel est-il si faible ? Car la France n’est pas attractive pour les investissements d’où un capital technique vieillissant, une faible croissance. Il faut pouvoir financer des investissements sophistiqués, hauts de gamme.

     

    Jean-Claude Mailly

     

    Attrait tout de même : les IDE.

     

    Patrick Artus

     

    IDE en France sont souvent (32 milliards d’euros sur 50) des flux de trésorerie des FMN.

     

    Jean Pisani-Ferry

     

    Des risques à prendre au sérieux. Exemple de l’Italie : aujourd’hui son niveau de PIB par habitant est égal à celui de 1997. Mais il n’y a pas toujours un consensus sur la croissance : effets négatifs sur l’environnement, décroissance. Il faut aussi reconstruire un consensus sur la qualité de la croissance et ensuite déterminer d’où vient le manque de compétitivité. La priorité dans les réformes ce sont les aspects économiques : capacités à recréer de la croissance économique dans des secteurs exposés à la concurrence internationale.

     

    Jean-Claude Mailly

     

    Il existe des rigidités dans la zone euro : monnaie, contraintes budgétaires. Cela joue sur le social : travailleurs détachés, dumping social. Quelles sont les marges de manœuvre ?

     

    Patrick Artus

     

    Depuis 20 ans l’essentiel de nos problèmes est un problème d’offre. Ainsi la production industrielle a diminué alors que la demande augmentait et surtout les importations ont augmenté. Depuis quelques années, on a déprimé la demande mais déjà avant notre système productif n’était pas capable de répondre à la demande.

     

    Jean Pisani-Ferry

     

    Il faut aussi penser à une réforme du logement, c’est un des éléments de manque de compétitivité par rapport à l’Allemagne.

     

    Jean-Claude Mailly

     

    Cette réforme du logement n’est pas encore votée. Par contre échec de réformes passées : sécurisation de l’emploi notamment. Presque tous les syndicats européens se sont opposés au pacte budgétaire mais il y avait avant des problèmes dans l’industrie française (ex : pas assez d’entreprises moyennes, trop de filières).

     

    Patrick Artus

     

    Manque d’attractivité en France malgré les CIR, les fonds de la BPI car la rentabilité est trop faible à cause d’un coût du travail trop élevé notamment dans des secteurs exposés à la concurrence étrangère. La réforme à court terme a pour sujet la compétitivité dégradée. Par exemple, dans l’automobile les salariés espagnols coûtent 25 % de moins que les travailleurs français. La priorité est de relancer les gains de productivité pour être attractif. Il faudra jouer sur le temps de travail, la fiscalité, la négociation sur les salaires (au moins dans les entreprises en difficulté).

     

    Jean Pisani-Ferry

     

    Il faut aussi revoir la formation professionnelle qui aujourd’hui ne bénéficie quasiment pas aux chômeurs. De plus, parmi les salariés bénéficiaires de la formation professionnelle, on trouve souvent les plus qualifiés.

     

    Patrick Artus

     

    Les réformes peuvent être favorables aux ménages, par exemple la réforme de la concurrence. Il existe des réformes neutres en termes de répartition des revenus, ce n’est pas forcément des revenus qui vont des ménages vers les entreprises.

     

    Jean Pisani-Ferry

     

    En effet, juste après la seconde guerre mondiale, on pensait qu’il s’agissait d’un jeu à sommes nulles, cependant on peut sortir par le haut : croissance, redressement. Des sacrifices temporaires permettent de dégager ce qu’il fallait pour investir. Il existe des problèmes sérieux dans le système de formation : 140 000 jeunes (parmi une génération qui en compte 800 000) sortent du système éducatif sans qualification, en France la correction des inégalités sociales est faible (cf. travaux des enquêtes PISA).

     

    Yannick Moreau

     

    La manière la plus efficace pour introduire des réformes est d’organiser des négociations tripartites. Avec une croissance comprise entre 0 et 1 %, il faudra de nouveau réformer les régimes de retraites car ils ne sont pas prévus pour une croissance aussi faible.

     

    Jean-Claude Mailly

     

    Les syndicats sont-ils conservateurs ? En période de crise c’est logique : l’action syndicale est alors de la résistance. Pour la réforme de la formation professionnelle il faut aussi s’interroger sur le rôle de l’État, c’est à lui de former les demandeurs d’emploi. Pour les résultats des enquêtes PISA, il faut être vigilant, tenir compte des types de tests.

     


     

    Jean Pisani-Ferry

     

    Nous sommes tous conservateurs : patronat, grands corps administratifs, hommes politiques, syndicats. Pour introduire des réformes il faut aussi de la transparence.

     

    Patrick Artus

     

    Les experts sont là pour identifier des problèmes, et le choix des solutions relève des négociations entre les partenaires sociaux.

     

    François Bourguignon (Directeur de l’Ecole d’économie de Paris, ancien économiste en chef de la Banque Mondiale)

     

    Des réformes sont nécessaires puisque la France décline depuis 30 ans notamment par rapport aux États-Unis, à l’Allemagne, au Royaume-Uni, à la Suède, aux Pays-Bas. Seule l’Italie a une situation stable par rapport à la France. Il y aura des blocages car l’endettement devient non viable, la crise en France et en Europe est sérieuse. A court terme, il y aura des gagnants et des perdants, à long terme (mais cela ne se limite pas aux deux prochaines années) tout le monde sera gagnant. La priorité porte sur les salariés : coût du travail, formation professionnelle. En dépit des critiques que l’on peut faire aux enquêtes PISA, on ne peut pas rejeter la très forte corrélation entre classement PISA et taux de chômage des jeunes.