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EEE, août 2014

Publié le Sep 15, 2014

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Le  Monday, September 15, 2014

Croissance et confiance ?

EEE août 2014, MG

  • Entretiens Enseignants Entreprises 2014 : la croissance, une question de confiance ?

     

    L'enquête mensuelle de conjoncture publiée par l'INSEE le 30 juillet 2014 révèle que l'indicateur synthétique de la confiance des ménages a été divisé par deux entre 2007 et 2014. Or, au cours de la même période, plus précisément entre 2007 à 2013, le taux de croissance du PIB en volume est passé de 2,4% à 0,3%. Faut-il voir dans la perte de confiance des ménages la cause ou la conséquence de la crise ? Doit-on considérer qu'une confiance excessive aurait incité les ménages à tous les excès qui accompagnent les périodes d'euphorie dont se nourrissent les bulles spéculatives?

    Quel rôle joue vraiment la confiance dans la croissance?

    Selon le prix Nobel d'économie en 1972, John Kenneth Arrow « la confiance est le facteur primordial de la croissance, et à l'inverse la défiance agit comme une taxe et une entrave au développement. La confiance favorise la réactivité des salariés, l'adoption de méthodes efficaces, le travail en équipe et l'innovation. ».

    Nécessaire au bon fonctionnement des marchés, au financement de l'économie et à l'efficacité des politiques économiques, la confiance est également au cœur de la vie de l'entreprise au travers des relations sociales et des relations avec ses parties prenantes et son environnement. Dans La Fabrique de la défiance (2012), Y Algan, P Cahuc et A Zylberberg citent un chiffre significatif:

    « La hausse d'un degré sur l'échelle de confiance envers les managers a le même effet sur la satisfaction dans la vie d'un salarié qu'une hausse de 30 % de son revenu ».

     

    Intervenants :

    • Jézabel Couppey-Soubeyran, Professeur au centre d’économie de La Sorbonne
    • Robert Leblanc, Président –directeur général d’AON France
    • Modérateur : Béatrice Couairon, professeur de SES  au lycée Jacques Amyot à Melun

     

    La croissance économique est nécessaire face aux défis des ressources. Jésabel Couppey Soubeyran lors de cet entretien développe l’idée directrice suivante : « Si toute crise se caractérise par une situation de défiance, la défiance n’est en fait que le symptôme et non la cause de la crise ». L’origine de la crise se situe dans un excès de confiance (« paradoxe de la tranquillité » d’Hyman Minsky). Pour retrouver la croissance économique, il faut restaurer la confiance, c’est-à-dire guérir la défiance et empêcher les situations d’excès de confiance qui ont mené à la crise économique. Il faut empêcher l’excès de confiance au moyen de mécanismes aptes à contrer le cycle financier. Les entreprises ont besoin de confiance pour lancer les décisions d’investissement et qu’ils soient financés. Le bon déroulement du financement de l’économie est aussi nécessaire à la confiance. La confiance est nécessaire à la croissance économique.  La confiance est le support nécessaire aux fonctions de la monnaie, la clé de l’activité bancaire. Cependant, un excès de confiance favorise l’instabilité financière propice au déclenchement d’une crise financière.

     

    « Quand bascule-t-on dans l’excès de confiance ? ».

    Les crises naissent dans des contextes macroéconomiques tranquilles (La grande modération des années 1990 avec une inflation maîtrisée).  L’excès de confiance nourrit la sphère financière et favorise l’endettement excessif des agents économiques. Durant « la grande modération », le crédit a fortement progressé et on assiste à une augmentation incontrôlée des bilans bancaires. La titrisation, l’essor des produits dérivés, les modèles VAR ont donné le sentiment de bien gérer les risques. Cet excès de confiance a alimenté la croissance du secteur bancaire et financier (on peut parler d’hyperfinance). Il a entraîné une explosion du crédit, de la dette des actifs, au point de rompre la relation positive entre la finance et la croissance économique.

    La confiance est certes, nécessaire à l’activité bancaire, car une perte de confiance entraîne des paniques : bank run ou ruée aux guichets hier, market run sur le marché interbancaire aujourd’hui d’où des risques d’’illiquidité bancaire et de faillites. Il faut donc maintenir la confiance dans le système bancaire pour garantir les dépôts. Cependant le problème « d’aléa moral » rend difficile la régulation efficace du système bancaire. Le système bancaire a besoin de « garanties » pour instaurer une confiance, mais ces « garanties » entraînent « un risque d’aléa moral » qui est à  l’origine de l’instabilité financière. Les « garanties » ont conduit les banques à prendre plus de risques, à se développer davantage. Elles peuvent être  porteuses de « risques systémiques ».

     

    « Comment empêcher les situations d’excès de confiance et de défiance ? ».

    L’excès de confiance caractérise la phase ascendante du cycle financier et la défiance la phase descendante. Pour relancer la croissance économique, il est nécessaire de réduire le rôle procyclique de la confiance sur la croissance. Il faut mettre en place des politiques contracycliques afin de réduire la procyclicité du secteur financier. Les politiques macroprudentielles et un ajustement de la politique monétaire peuvent jouer ce rôle en calmant les excès de la confiance.

     

    Robert Leblanc a abordé la question de la confiance sous un angle microéconomique. La croissance est nécessaire : les exclus sont encore trop nombreux. On peut sortir de la crise par le haut grâce à des investissements dans les nouvelles technologies. L’entreprise, « cette aventure improbable »  doit être dans un climat de confiance pour innover, investir. Cette confiance s’exerce à l’égard de nombreux acteurs :

    • Les salariés : il faut savoir être honnête même quand il y a des choses difficiles à annoncer, ex : les plans sociaux. L’entreprise a besoin de salariés motivés, innovants donc de confiance.
    • Les partenaires sociaux.
    • Les clients (exemple : mauvaise publicité sur le forum des pages jaunes si les clients n’ont pas été satisfaits d’un produit, perte de confiance de la part d’autres clients).
    • Les actionnaires
    • La cité et l’environnement.

    L’entreprise ne reçoit jamais trop de confiance, sauf la confiance en soi car un leader doit avoir des convictions.

     

    La crise de 2008 provient sûrement en partie des incompréhensions parmi les décideurs.  Un décideur doit toujours s’assurer qu’il comprend tous les termes sur lesquels il a à décider. Dans le domaine de l’assurance (AON est une entreprise de conseil et de courtage en assurance et réassurance), la confiance s’exerce de différentes façons :

    -          La relation courtiers/souscripteurs : il s’agit d’un transfert de risque. La confiance est primordiale pour la durée de la relation.
    -          Le contrat écrit/oral
    -          La segmentation (en fonds de risques) et les mouchards (par exemple le nombre de kilomètres effectués, la vitesse)
    -          L’encaissement confié
    -          L’assurance-vie.