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Publié le Nov 1, 2015 Modifié le : May 15, 2016

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Le  Sunday, November 1, 2015

Réfléchir avec l’Internet, par Jean-Louis Poirier, Inspecteur général de l'Éducation nationale

Les dossiers de l'ingénierie éducative - Philosophie et TICE

  • LES DOSSIERS DE L’INGÉNIERIE ÉDUCATIVE, PHILOSOPHIE ET TICE  Un double mouvement de curiosité porte vers le thème « Philosophie et technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » : • chacun souhaite évidemment savoir comment la première aborde les secondes ; • quant à eux, les enseignants de la discipline expérimentent des TICE dont le potentiel pédagogique ne se réduit pas à l’exploitation des ressources textuelles sur le Web. Au sommaire du dossier : • Réfléchir sur l’Internet. Réfléchir avec l’Internet • L’enseignement de la philosophie devant les TICE • Contraste et diversité : les pratiques des professeurs de philosophie • Une expérience collégiale ou y a-t-il deux pilotes dans l’avion ? • La question des ressources • L’internet, un objet philosophique ? Le dossier Philosophie et TICE du Cndp offre également une soixantaine de liens vers des sites web sur la philosophie.

    Réfléchir avec l’Internet, c’est
ce dont l’essentiel de ce dossier tente de rendre compte : faire usage de l’Internet pour réfléchir, autrement dit utiliser, en leur diversité, les ressources de toutes sortes mises à disposition par les réseaux numériques pour aider nos élèves à atteindre l’un des objectifs de l’enseignement de la philosophie, qui est, selon les programmes officiels « l’exercice réfléchi du jugement ». Mais cette formule veut dire aussi réfléchir sur l’Internet, et même, plus précisément et de façon plus pointue, bien plus que réfléchir sur un objet, réfléchir dans les conditions où nous met cet objet, c’est-à-dire en comptant avec ces conditions.

     

    En vérité, il s’agit tout simplement de tirer les conséquences, pour l’exercice de la pensée, de ce fait que l’Internet – pas plus que le langage, comme on le sait classiquement – n’est pas (ou pas exclusivement) un objet pour la pensée. Il est bel et bien un élément, au sens où la mer est l’élément du pois- son, ne lui fait pas simplement face, mais, à la façon d’un milieu, l’environne, le nourrit, le détermine. Et dans le cas de l’Internet, c’est un élément nouveau.

     

    Par là, nous semble-t-il, la philosophie est mise dans une situation nouvelle et il se pourrait que les précautions ou les résistances que l’on prête quelquefois aux professeurs de philosophie à l’égard des TIC et qui expliquent la timidité relative des usages pratiqués s’avèrent désormais source de lucidité et force irremplaçable. Son relatif retrait assigne à la philosophie un devoir singulier de réflexion.

     

    Chaque époque a eu ses technologies nouvelles. À peu près depuis Socrate, il a toujours été donné à une interrogation de type philosophique de prendre en compte ces technologies et de penser leur position et leur articulation dans l’espace du savoir et de la Cité. Ce qui est nouveau aujourd’hui, et concerne tout particulièrement, plus encore que la philosophie, son enseigne- ment – dans la mesure où celui-ci prétend, dans l’élève, considérer aussi le citoyen–, ce n’est pas seulement le fait que les TIC se présentent comme un milieu plutôt que comme un ensemble d’outils et par là proposent des façons de vivre ou de penser plutôt que des utilisations, c’est aussi le fait – nous semble-t-il – qu’à travers de multiples dispositifs, ces façons de vivre et de penser engagent des directions et des choix qui ne sauraient aller de soi et sur lesquels la lumière est loin d’être faite. Bref, l’aspect théorique1, qui fait au philosophe le devoir de connaître l’Internet, ne le dispense pas de considérations pratiques : que veut dire « réfléchir avec l’Internet » ?