Cet article est paru dans le n° 69 des Cahiers philosophiques de décembre 1996.
Il reproduit le texte d’un essai publié dans la Revue de métaphysique et de morale (Paris, n° 2, 1952).
La beauté se tient aux frontières de la nature et de l’artifice. D’un côté elle se découvre par l’observation attentive, parfois émerveillée, de ce que nous n’avons pas créé et qui s’offre à notre perception – beauté naturelle. D’un autre côté elle émerge par certains de nos ouvrages, à des degrés et sous des modalités très variés qui ont toutefois en commun d’impliquer un certain travail, celui des mains, du corps tout entier, de l’esprit – beauté artistique. Ce qui retient l’attention d’Alain dans son Système des beaux-arts c’est l’importance déterminante du métier artisanal ou artistique, sans lequel la beauté resterait fragment imaginé et fugace, sans posséder jamais la matérialité durable d’une oeuvre. Raison pour laquelle il ne va pas de soi d’associer la beauté au dynamisme d’une imagination estimée – trop vite ? – créatrice.