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La classe inversée

Publié le 22 juin 2017 Modifié le : 7 sept. 2023

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Le  jeudi 22 juin 2017

Classe inversée en collège REP (2/4) : les contraintes techniques.

Cet article présente les contraintes techniques pour produire des vidéos, les diffuser et les mettre à disposition de mes élèves

  • Cet article est là pour présenter les contraintes techniques que j'ai rencontrées lors de l'utilisation de la classe inversée lors de cette année. Elles sont de 3 types : des contraintes liées à la conception (qui existent à partir du moment où on veut faire une séquence pédagogique), des contraintes de réalisation (maitrise des outils de la chaine de production de vidéo) et des contraintes de mises à disposition des ressources.

     

    1. Conception des séquences

     

    La première question qui s’est posée est de savoir « pourquoi faire de la classe inversée ? » . Il faut savoir que l’investissement en temps, par rapport à la constitution de cours plus classiques est important.

    En effet, pour une vidéo d’environ 5 minutes il faut entre 1h30 et 3h de la conception à la mise en ligne. La variation se faisant souvent non pas sur l’aspect technique mais sur l’aspect rédactionnel. En effet, il faut bien s’organiser pour que les séances en classe soient complémentaires de séquences hors les murs et inversement.

    Pour moi, le but était de distribuer différemment le temps de travail des élèves. C’est – à – dire que mon temps de professeur soit plus utilisé à réfléchir et mettre en pratique en classe qu’à dicter une trace écrite que tous doivent recopier en même temps.

    Il faut donc produire des contenus vidéos pertinents. Alors certes les enseignants sont formés à produire des contenus, mais le passage en vidéo pose quelques limites propres à ce format :

    - une vidéo ne doit pas être une suite d’images fixes. Ce n’est pas un diaporama, il faut animer les explications données au risque de provoquer un ennui certain (pensez au dernier diaporama que vous avez subi),

    - une vidéo nécessite souvent (très souvent) des ressources vidéo (ou animées) pour illustrer les propos,

    - une explication donnée à un public qu’on n’a pas en face de soi se doit d’être la plus claire et la moins ambiguë possible. En classe on peut interagir avec ses élèves quand on repère une difficulté, ce qui apporte des corrections « à chaud », là ce retour correctif est impossible. C’est une difficulté que j’avais déjà rencontrée lors de la conception de cours pour le CNED.

    - une vidéo demande du temps pour faire un montage « propre » qui ne laisse pas un aspect trop amateur (point que mes élèves m’ont largement pardonné). Pour un public adolescent habitué à avoir des vidéos de plus en plus qualitatives depuis quelques années maintenant la forme est aussi importante que le fond.

     

    Donc, je passe beaucoup de temps à écrire un scénario et à trouver (ou concevoir) les illustrations qui pourront accompagner mes paroles. Même trouver un fond pertinent par rapport à la vidéo prend du temps.

    Le temps de scénarisation est long car il doit prendre en compte la forme que j'ai décidé de donner à mes vidéos :

    une introduction qui permet de faire un rappel de ce qui a été fait en classe,

    un temps pour dicter le cours,

    une ouverture du sujet sur un élément annexe et/ou l'ouverture de la notion pour arriver à la séquence suivante.

    Et pour chaque temps de la vidéo il faut des illustrations, des démonstrations, un accompagnement de la parole de l'enseignant, qui permet de rendre le cours plus dynamique. C'est d'ailleurs là que passe une grande partie du temps : la recherche de ressources pertinentes, qui cadrent avec mes besoins pédagogiques et diffusables. Dans ce cadre, l'utilisation de Youtube (voir 3. Choix de la plateforme), est pratique : dès qu'une vidéo n'est pas libre, hop, un petit message et un bloquage de la ma vidéo.

    Il n'a pas été rare qu'une vidéo parte dans une direction alternative car je ne pouvais pas utiliser une ressource pourtant pertinente pour mon propos. C'était d'ailleurs une motivation supplémentaire pour utiliser Eduthèque.

    Donc sachez le écrire le scénatio d'une vidéo pour une classe inversée est long (entre écriture et recherche des ressources).

     

    2. Produire des vidéos

     

    Je dois ensuite tourner la vidéo puis faire le montage. Il existe heureusement des logiciels assez puissants et relativement simples à prendre en main pour obtenir un résultat satisfaisant après quelques heures d’utilisation.

    Mes ordinateurs tournant sous un système linux (Linux Mint KDE, pour ne pas le citer), je me suis tourné vers les logiciels de montage disponible sur cette plateforme. Après divers essais (plus ou moins heureux ...), j'ai trouvé un logiciel suffisamment simple pour permettre des résultats rapides mais suffisamment complexe pour arriver à ce que je voulais (notamment l'utilisation de fond vert) : KDEnlive (https://kdenlive.org/). Chers collègues windowsiens, sachez que ce logiciel est disponible aussi pour votre plateforme (mais je n'ai pas testé cette version).

     kdenlive-logo-hori

    KDEnlive signifie : KDE Non LInear Video Editor.

    KDE : c'est un bureau sous linux, je passe.

    Video Editor : bon ça tombre bien c'est ce qu'il nous faut

    Non Linear : et c'est là l'intérêt. En effet on peut disposer des ressouces numériques (vidéo, son, image, ...) le long de "timeline" (ligne de temps ?) pour faire le montage. En disposant des ressources dans un certain ordre, on arrive à structurer sa vidéo. De plus il est possible d'avoir plusieurs timelines, et donc de superposer des ressources (une vidéo par dessus une vidéo). Sachant que chaque vidéo peut être affectée par un effet différent (transparence, déformation, ...) on peut avoir un résultat très complexe assez simplement si on sait ce qu'on veut avant (ça tombe bien, normalement il faut y réfléchir avant, voir point 1. de cet article). Par exemple, même si ça n'a aucun lien avec l'enseignement, juste pour voir ce qu'un amateur peut faire avec ce logiciel : https://www.youtube.com/watch?v=Hu1UK1Q19JU&index=4&list=PLXmyej6Z8ktO80G6UQSYK5-9uVNjvrU2F

    Le logiciel étant TRÈS complet, je vous conseille de chercher des ressources sur internet pour en appréhender les possibilités (comme ici : http://www.funix.org/fr/linuxdoc/video/tutorial-kdenlive.pdf ou https://www.youtube.com/watch?v=WEVVkRm5maM&index=5&list=PLXmyej6Z8ktO80G6UQSYK5-9uVNjvrU2F, et hop un peu d'auto-promo)

    Enfin KDEnlive permettra de calculer un rendu du montage. C'est relativement long suivant la complexité du montage, mais l'ordinateur fait tout "tout seul" et cela n'empĉhe pas de vaquer à ses occupations (des copies par exemple, pour faire un peu cliché). Ainsi vous aurez un fichier vidéo complet qu'on pourra mettre en ligne.

    Justement pour le mettre en ligne il faut aussi choisir une plateforme pour que les élèves aient accès aux ressources.

     

    3. Choix de la plateforme

     

    Enfin, une fois les objectifs mis au clair et la vidéo réalisée il faut la mettre à disposition du public visé.

    Le choix est souvent binaire :

    - à travers un site ou un service institutionnel. Dans ce cadre entrent les sites des établissements, Chamilo, les ENT,

    - à travers un site ou un service grand public, comme Youtube ou Dailymotion.

    Il y avait aussi l’option de se faire un site, mais cela m’aurait pris du temps qui me manquait déjà.

     

    Voulant faire simple et ne pas avoir de soucis techniques de ce point de vue là (limite de la taille des vidéos, mot de passe pour accéder aux ressources, possibilité d’accès illimité sans problème de serveur ou de bande passante, serveur qui plante), j’ai choisi de mettre mes vidéos sur une chaîne Youtube© .

     Ce choix était motivé par les raisons suivantes :

    • il faut que ça marche sans avoir besoin de quémander un support technique au responsable informatique de mon établissement. Et comme les enseignants n'ont la main sur rien, cette plateforme correspondait à ce que je voulais.
    • il faut que ça marche tout le temps et quelle que soit la plateforme de lecture. En effet les élèves ayant tous (ou presque) un smartphone il fallait que ces derniers soient "ressources - compatibles". Passer des heures pour produire un support et entendre "rho ça marche pô sur mon Iphone- Samsung - Wiko de le mort qui tue" ne m'interressait pas.
    • il faut que je puisse mettre les vidéos que je veux, quand je veux. Du coup je ressens un site "institutionnel" plus comme une contrainte qu'autre chose. Surtout que se pose la question de savoir à qui appartient la ressource ... Du coup sur Youtube c'est clair (voir les licences de mises à disposition chez eux).

     

    Ce choix, que je ne regrette pas quand à la disponibilité des ressources, posent un gros souci quant au suivi individuel des élèves pour savoir qui a fait quoi et combien de temps.

    En effet, sur cette plateforme, les individus n’ont pas à être inscrits pour voir une vidéo. J’ai juste des bilans globaux du nombre de visiteurs par heure si je le veux mais rien de nominatif ni d’aussi fin que ce qui pourrait exister sur Chamilo.

     

    J’en ai perçu la limite notamment quand j’ai voulu savoir qui regardait les vidéos en entier et qui les accélérait pour gagner du temps.

    Par contre, cela permettait de répondre facilement aux quelques élèves qui me disaient que mon « site avait planté » et qu’ils avaient été dans l’impossibilité de faire leur travail. A tel point que souvent c’était les autres élèves qui leur répondaient « mais non ça marche » « tu t’es trompé le site il était pas tombé hier » « Youtube en panne mais bien sûr ... », et à partir de la moitié du premier trimestre je n’ai plus eu aucune remarque de ce type.

    Du coup à refaire, je ferai surement un mix : les vidéos sur Youtube et des questionnaires sur Chamilo (à voir l'année prochaine peut être).

     

    Une fois toutes ces contraintes intégrées on peut avoir des ressources et les exploiter en classe. Je vous propose de suivre un exemple (ou deux suivant mon courage en cette période estivale) sur l'article suivant.