L’INNOVATION EN 10 POINTS
A l’issue d’une année ponctuée d’événements nationaux (Journées de l’Innovation en mars 2012, forum des enseignant innovants, juin 2012) et en académies (semaines de l’innovation), marquée par un renforcement du pilotage national (DRDIE) et par la professionnalisation des acteurs locaux (CARDIE, encadrement), soutenue par la recherche (IFE et intervenants de niveau international), différentes études et publications convergent pour caractériser la place de l’innovation comme levier du changement local et comme stratégie politique d’amélioration des résultats.
Elles permettent de la même manière de repositionner le numérique et les usages scolaires dans la conduite systémique du changement. A bien des égards, les TICE partagent, sous certaines conditions, des dimensions de l’innovation. Elles sont repérées par une (*) dans le texte.
L’analyse des dispositifs et des pratiques en cours dans les écoles et établissements permettent d’identifier des marqueurs du changement en quelques points. Ils permettent aux acteurs des académies de mieux repérer les processus en jeu et d’orienter les plans d’action pour les mois prochains (soutien, accompagnement, formation).
L’innovation, c’est plutôt :
- Un processus de changement local, dynamique et évolutif dans le temps, et variable en visibilité (repéré ou non, validé ou non, parfois dérogatoire grâce à l’article 34 article L401.1 du Code de l’Education)
- Dans tous les degrés d’enseignement, et pas qu’en collège difficile périurbain (*)
- Partout, et pas seulement au nord d’une ligne Le Havre-Marseille (*)
- Irréductible à un objet seul, à un produit ou à une technique ou encore à un domaine
- Une fertilisation croisée originale, inédite et parfois inattendue dans un univers scolaire traditionnel (interdisciplinaire, intercatégoriel, partenariat, introduction d’un élément inhabituel etc…), créant du lien entre les connaissances, entre les acteurs (*)
- Une exploration de pratiques ou de modalités tendant vers un accompagnement de l’élève dans son parcours d’apprentissage, ou encore privilégiant la différenciation à la remédiation (*)
- Un développement d’un ensemble de pratiques relevant de l’évaluation formative (attentes positives, retour sur la pratique, indices structurants, auto-évaluation, exigences élevées) améliorant la qualité de la relation dans la classe
- Des pratiques s’appuyant sur la coopération, la mutualisation, l’entraide, résolution de problèmes, exemples concrets, favorisant le temps réel d’apprentissage et l’implication des élèves (*)
- Des pratiques développant l’estime de soi, les droits et les responsabilités des élèves (*)
Ce n’est surtout pas :
- Une relégation de certains élèves ou des classes de niveau
- Une prescription institutionnelle
- Une dérégulation du système
- Une manière d’obtenir des moyens en plus sans rien changer
- Une vitrine du projet d’établissement
- La mise en concurrence entre établissements
- Un abaissement des niveaux d’exigence
- Un travail périphérique aux savoirs scolaires
- La chose d’une seule personne
- Une mode avant une autre
- Une organisation sans lien avec les autres systèmes (formation, évaluation)
Et c’est efficace quand :
- Une organisation ou une pratique qui permet de recentrer l’activité sur les effets sur les élèves (*)
- Une action ou un dispositif qui peut à un moment bousculer l’organisation (groupements, rythmes, espaces etc…) (*)
- Il existe un débat collectif et donc une régulation au niveau d’une équipe pour se développer
- Il y a un investissement formel assumé par la direction (régulations, rôles, moyens)
- L’équipe se met à fonction en mode de résolution de problèmes
- L’équipe rend visible son activité et accueille une certaine extériorité (partenaires, personnes-ressources, recherches) (*)
- Les personnels se font accompagnés dans un dispositif de développement professionnel sur une durée suffisante pour changer (*)
- Des rôles ou des responsabilités nouvelles émergent pour structurer le travail (*)
- Le travail s’appuie sur des réseaux, en présence et en ligne (*)
- Les enseignants enquêtent sur leurs propres pratiques et consultent élèves, parents, partenaires
- Les corps intermédiaires accompagnent, reconnaissent l’engagement des acteurs et valorisent le changement dans une plus grande proximité et dans une relation de confiance.
D’ailleurs, cela se voit quand on observe :
- une amélioration du climat scolaire
- une meilleure cohésion du groupe, un sentiment d’appartenance
- des relations pacifiées dans la classe, un temps retrouvé pour apprendre
- des élèves changent d’attitude vis-à-vis de leur travail, et de l’école. (*)
- Une augmentation des résultats des plus faibles sur une durée moyenne.
- L’offre scolaire s’enrichit et se diversifie pour tous les élèves. (*)
- Les élèves sont capables d’identifier ce qu’ils ont appris (*)
- Les réussites de l’école s’affichent dedans et dehors. (*)
- L’équipe parvient à suivre les parcours des élèves, même après la sortie de l’école. (*)
- On parle positivement de l’école, de l’établissement
Source : L’innovation, une histoire contemporaine du changement en éducation, coll. Changements en éducation, éd. CNDP, 2012