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Liens citoyens

Publié le 5 mai 2020 Modifié le : 6 mai 2020

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Le  mardi 5 mai 2020

Quelles seront les conséquences de la crise du coronavirus pour le LP ?

Nathalie Topalian, IEN lettres-histoire

  • Visuel dessin d'enfant

     

     Quelles seront les conséquences de la crise du coronavirus pour le LP ?

     

    Les ordonnances du gouvernement ont déterminé des secteurs essentiels1à l’économie du pays pour lesquels les salariés pouvaient poursuivre leur activités professionnelles pendant le confinement. C’est ainsi que la France prend conscience de ces métiers dits essentiels, utiles à tous. Il s’agit des métiers de la logistique, de l’entretien, du care2, ou plus communément nommés aides à la personne, chauffeurs, logisticiens, employés de commerce : caissières de supermarché, agents de sécurité… Tous issus de formations suivies chaque année par de nombreux jeunes en lycée professionnels, ou CFA3… D’ordinaire travailleurs de l’ombre, les voilà pendant la catastrophe du coronavirus mis en lumière, le confinement les rend indispensables, essentiels au maintien d’un lien social et économique. On peut même les voir dans les reportages des journaux télévisés, en vedette du jour ils présentent leurs activités, prouvent à chacun combien leurs tâches assurent les besoins du quotidien. On salue désormais le courage de cette deuxième ligne, son implication, sa générosité et surtout sa disponibilité pour œuvrer souvent sans protection en ces temps difficiles.

    Le premier impact économique et social de cette catastrophe est d’agir comme un révélateur de l’utilité de certains métiers et de la nécessité de reconnaitre la valeur du travail de ces hommes et femmes, mais aussi leur abnégation. Cette reconnaissance dans le moment aura-t-elle des conséquences sur les orientations futures en lycée professionnel ?

    Peut-on imaginer dans un futur proche un autre regard sur la voie professionnelle, une véritable revalorisation, si longtemps souhaitée ?

    Mais il est encore prématuré d’y songer tant les inégalités sont soulignées par l’épidémie.

    Le deuxième impact concerne l’ensemble du tissu économique du pays, fortement fragilisé, il est aisé de percevoir combien les périodes de formation en milieu professionnel qui constituent une part non négligeable du temps d’enseignement en LP (16 semaines) seront difficilement conduites, soit pour des raisons sanitaires bien compréhensibles en fin d’année scolaire, soit pour raison économique.

    En effet, de nombreuses entreprises ne peuvent maintenir qu’une activité partielle. Ainsi, l’INSEE 4 estime que 30 à 45% des services marchands (par exemple les commerces non alimentaire, qui n’accueillent plus du public en raison du décret du 23 mars sont impactés, mais aussi les transports, le secteur de l’hôtellerie restauration, et l’artisanat). Ces métiers séduisaient jusqu’alors de nombreux lycéens et lycéennes mais sont sévèrement touchés.5 Puisqu’à ce jour la perte d‘activité est estimée à 36 % au niveau national. Quelles seront alors les capacités d’accueil en entreprise pour ces temps de formation ?

    En dernier lieu, il sera nécessaire d’anticiper les transformations de modèle de développement, au moment même où la transformation de la voie professionnelle venait d’être amorcée en s’appuyant sur la refonte de la majorité des référentiels métiers. La crise actuelle conduira certainement à repenser la place du numérique désormais incontournable pour tous les métiers.

    Pour finir sur une note plus optimiste, le lycée professionnel sait s’adapter ! Pour preuve l’initiative des professeurs de chimie industrielle et du proviseur du lycée des métiers Latécoère, des métiers de l'industrie et avec une filière PCEPC (Procédés de la Chimie, de l'Eau, et des Papiers Cartons) qui ont mis leurs compétences, et savoir -faire, pour produire un gel désinfectant grâce au plateau technique dont ils disposent. La production assurée par les élèves était destinée aux personnels de santé6 au moment où la pénurie de gel hydroalcoolique devenait patente. Une belle action citoyenne et solidaire à saluer.

    1. Bruno Le Maire, 18 mars 2020, https://www.economie.gouv.fr/ministres/bruno-lemaire3

    2. Carol Gilligan, Une voix différente, 1982.

    3. Ces formations représentent plus de 2200 candidats en bac. Pro chaque année, près du double en CAP dans l’académie d’Aix-Marseille.

    4. Publication Insee Focus du 7/04/2020 5. Enquête flash DARES, https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-etstatistiques/tableaux-de-bord/le-marche-du-travail-pendant-le-covid-19/article/activite

    5 Enquête flash DARES, https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/tableaux-de-bord/le-marche-du-travail-pendant-le-covid-19/article/activite-et-conditions-d-emploi-de-la-main-d-oeuvre-pendant-la-crise-sanitaire

    6 http://www.lyc-latecoere.ac-aix-marseille.fr/spip/sites/www.lyc-latecoere/spip/local/cache-vignettes/L565xH497/gel_hydo_covid-19-a6f5b.jpg