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Liens citoyens

Publié le 15 mai 2020

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Le  vendredi 15 mai 2020

Développement durable : l’oublié du déconfinement ?

Nathalie Topalian et Gérald Attali, co-référents académiques EDD, répondent aux questions de Liens citoyens.

  • Visuel Virginie Bouthors

    Développement durable : l’oublié du déconfinement ?

    Le Covid-19 est-il une conséquence du changement climatique ?

    Il est difficile de répondre à une telle question avant que les épidémiologistes n’aient expliqué les origines de ce virus. Cependant, depuis de nombreuses années l’expansion des activités humaines et la croissance urbaine réduisent les habitats des populations animales, compromettent la survie d’un nombre croissant d’espèces et restreignent la biodiversité. À ce constat de la multiplication des déséquilibres naturels s’en ajoute un autre devenu banal depuis la « crise de la vache folle ». Beaucoup de maladies infectieuses émergentes sont aujourd’hui des zoonoses : elles se transmettent naturellement de l’animal à l’homme. La pandémie qui affecte la planète en apporte une nouvelle illustration et rappelle que la santé animale et la santé humaine sont intimement liées.

    En devenant une priorité, la lutte contre la pandémie ne risque-t-elle pas de renforcer le déni du changement climatique ?

    Un point de vocabulaire avant toute chose, le déni, ce n’est pas ignorer, c’est déjà savoir, mais c’est refuser de prendre en compte ce que l’on sait. Celui qui est dans le déni n’est pas un profane, c’est quelqu’un qui dédaigne mettre en conformité ses gestes ou son action avec l’état de ses connaissances. La plupart des dirigeants de la planète et de nos contemporains ne sont plus dans le déni et si la crise sanitaire mondiale que nous connaissons a bien des inconvénients, elle offre aussi des avantages. En effet, toutes les analyses montrent que l’une des conséquences collatérales de la pandémie c’est la chute brutale des émissions de gaz à effet de serre. La pandémie démontre à ceux qui en doutaient encore — désormais peu nombreux — le lien qui existe entre les activités humaines et le changement climatique. De même, la pénurie de masques, de tests et de respirateurs a révélé l’ampleur d’une dépendance longtemps peu visible quand la terre était largement ouverte aux échanges.

    La sortie de la crise occupe désormais tous les esprits, ne va-t-elle pas conduire à un report des mesures qui avaient été adoptées lors de la Cop 21 ?

    Avant de penser la fin de l’urgence sanitaire, constatons d’abord ce que celle-ci nous a appris. En imposant la suspension de toutes les activités productives, nous avons découvert, certes par la contrainte, que ce qui était inconcevable il y a quelques semaines — réduire les consommations, renoncer à une croissance incontrôlée et inégalitaire, repenser la mondialisation — est désormais possible. Aujourd’hui à l’heure de la contraction des flux de marchandises chemine l’idée que la libéralisation des échanges qui a fait de la Chine, « l’usine du monde » est désormais inacceptable. Sans se résoudre à une approche souverainiste de l’évolution de la planète, beaucoup réclament désormais un peu plus d’égalité entre les États par une plus juste organisation internationale du travail.

    Chacun l’admet aujourd’hui, la fin du confinement ne peut pas être « un retour à la normale », ne serait-ce que parce que les sociétés vont devoir apprendre encore pendant de longs mois à composer avec la présence sournoise du virus. Il est hasardeux de prédire un changement de civilisation, mais il est raisonnable d’imaginer que le monde de demain, celui qui pourrait commencer après le 11 mai, sera plus prudent dans ses déplacements, moins gourmand dans ses consommations et peut-être plus soucieux des équilibres naturels.

    La crise actuelle offre donc l’opportunité de comprendre l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Comment le concept de développement durable peut-il nous conduire à revoir notre rapport au monde ?

    Le concept de développement durable tel qu’il est défini pour la première fois dans le rapport de la commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, en 1987, « un développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs » s’appuie sur une organisation basée sur trois piliers essentiels, le volet social, le volet environnemental, et le volet économique. Ces trois enjeux, et les principes fondamentaux qui les composent, la solidarité, le principe de précaution, la participation de chacun, et la responsabilité de tous donnent le cadre d’une mobilisation citoyenne, déjà initiée par les débats actuels autour des grands défis de l’après Covid-19. Les propositions remettent les objectifs du développement durable (ODD) au cœur du sujet, c’est en ce sens que l’ONU a appelé les entreprises, et acteurs économiques à soutenir les travailleurs en adoptant un plan international afin de faciliter la continuité des activités pour une reprise rapide. Les dix principes du Pacte mondial des Nations Unies reposent sur les ODD. Enfin, on peut, comme le propose Hubert Reeves, dans un entretien récent sur France culture « réfléchir à tout ce qu’apporte une vie simple ».

     

    https://www.unglobalcompact.org/sdgs/17-global-goals

    https://www.un.org/fr/coronavirus-covid-19-fr/les-objectifs-de-d%C3%A9veloppement-durable-%C3%A0-l%E2%80%99heure-du-coronavirus