L'ÉVALUATION EN QUESTION(S)
Quand l'expérience du confinement nous donne l'occasion de revenir sur l'évaluation
Un point de départ :
La production d'un texte collectif, émanant du collège des IA-IPR de l'académie d'Aix-Marseille qui sert de trame générale pour l'article, plus spécifiquement sa partie 4 (pistes de réflexion et de travail) que nous déclinerons en fonction des spécificités de nos disciplines.
Accès direct au document du collège des IA-IPR en suivant le lien
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Un objectif :
L'enrichir en lui apportant des pistes complémentaires, une déclinaison disciplinaire, des liens vers des ressources mobilisables par tous.
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Une réflexion préalable :
Alors qu'elle tend souvent à apparaitre à la fin d'une séquence d'enseignement, parfois isolée temporellement des apprentissages, l'évaluation reste pourtant, à bien y réfléchir, un point nodal, central de ces mêmes apprentissages.
A ce titre, il est donc essentiel que les élèves puissent totalement se l'approprier (faire sien) pour que l'évaluation remplisse le rôle qui lui est assigné : faire progresser (tous) les élèves. Elle doit donc être construite, pratiquée et perçue, à la fois par les professeurs et par les élèves, comme un moment d'apprentissage, un outil pour faire progresser chaque élève.
Cela passe par un partage totalement explicite de ses attendus, par une transparence des critères de réussite (donnés par le professeur ou, mieux, négociés, co-construits avec les élèves), par la dimension qualitative du regard porté sur la production, que ce soit celui du professeur (évaluation externe), celui des pairs (co-évaluation) ou celui de l'élève lui-même (auto-évaluation).
Pour qu'elle soit efficace, elle doit résulter d'un temps de dialogue entre l'évalué et l'évaluateur : l'objectif est que l'évalué puisse justifier ses choix, entendre et comprendre les conseils donnés pour s'en saisir et améliorer son travail.
Enfin, il est rappelé qu'évaluation et notation sont distinctes : on peut évaluer sans noter. La note, a priori si facile à lire (un 12 est supérieur à un 8) ne dit, en réalité, que bien peu de choses sur les points forts de l'élève, sur ses difficultés et sur les pistes qu'il pourrait exploiter avec profit. Elle est totalement ambivalente (deux 12 ont des significations très différentes). Elle a même tendance à effacer les conseils donnés et à finir par n'être plus l'unique prisme de lecture d'une production.
La période singulière du confinement et de l'enseignement à distance nous conduit à regarder d'un peu plus près cette évaluation, installée de façon très mécanique dans les séquences d'enseignement. Il s'agit de revenir sur son sens, ses finalités, sa place dans l'apprentissage, sa spécificité dans nos disciplines.
Nous essaierons aussi d'y mettre un peu de fantaisie, de vous proposer des pistes moins usuelles, des pratiques encore "exotiques", tirées d'exemples étrangers, d'autres disciplines ou d'autres niveaux d'enseignement, du travail de chercheurs en didactique...
Forts de ces éléments, nous pourrons alors nous interroger sur les leviers dans le contexte spécifique de la crise liée à l'épidémie de Covid-19.
Certainement, les enseignements tirés de cette réflexion pourront alimenter des pratiques d'évaluation dans un temps plus "ordinaire".
L'article est dense, avec de nombreux liens pour approfondir certains aspects qui peuvent vous intéresser davantage. Il doit être considéré comme une banque de ressources, comme un temps de réflexion dans lequel chacun viendra puiser en fonction de son temps, de ses aspirations, de ses questions, de sa curiosité.
Bonne lecture à tous,
Céline Borel, Isabelle Méjean et Virginie Pibarot,
IA-IPR d'histoire et géographie
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PISTES DE RÉFLEXION ET PROPOSITIONS DE MISE EN OEUVRE
L'évaluation au service des apprentissages
- une évaluation positive : cela signifie que l'on n'évalue que ce qui est réussi ; pour le reste l'apprentissage et l'accompagnement se poursuivent.
- une évaluation formative : il s'agit de de permettre aux élèves de comprendre le sens et les finalités de l'évaluation, de leur donner des conseils précis, d'engager avec eux un dialogue sur ce qu'ils ont réussi à faire et ce sur quoi ils peinent encore.
Toutes les formes et toutes les modalités d'évaluation gagnent à être convoquées. La variété des situations d'évaluation dans un parcours d'élève est toujours constructive : le tableau accessible en suivant le lien vous en propose un panel non exhaustif.
L'effet des différents types d'évaluation sur les apprentissages : les apports de la recherche
Un rapport du Conseil scientifique de l'éducation nationale, conduit par Joëlle Proust et publié en 2019, porte sur "la métacognition ; les enjeux pédagogiques de la recherche". Suivre ce lien pour accéder à la ressource.
L'analyse du pouvoir d'auto-régulation des élèves est fort riche, en termes de leviers pédagogiques à actionner. Joëlle Proust montre rappelle que réguler son activité cognitive, c'est être capable de s'auto-évaluer ; cela passe par deux phases :
- avant d'agir : déterminer ce que l'on peut faire (ce que l'élève pense savoir/pouvoir faire) et le niveau d'effort à mettre en oeuvre
- après avoir agi : savoir si l'on a réussi ou non à atteindre le but recherché
Nous vous invitons à lire, notamment, la partie 5 du rapport :
5.3 Quelles sont les évaluations propices aux motivations d'apprentissage ?
5.4 Qu'est-ce que l'évaluation sommative ?
5.5 L'auto-évaluation en autonomie
5.6 L'évaluation par les pairs
Ce qui change par rapport au présentiel
Évaluer à distance :
Quand l'évaluation à distance permet de réinterroger l'évaluation, ses finalités, ses modalités et la façon dont les élèves s'en saisissent pour progresser : un sketchnote, produit par Isabelle Méjean, pour réfléchir à ces aspects. Suivre le lien pour y accéder.
Ce qu'en pensent les élèves
paroles d'élèves, collectées par Frédéric Cabras, en suivant le lien
Quelles conditions pour une évaluation positive, formative et dialoguée ?
Penser le statut de l'erreur
Comment construire des évaluations formatrices qui intègrent l’erreur au processus même d’apprentissage ? ou plus simplement, comment faire de l’erreur un « atout » d’apprentissage ?
Un article de Céline Borel à lire pour exploiter quelques unes des nombreuses pistes qu'il ouvre : suivre le lien.
Une question à Stanislas Dehaene : que pensez-vous des notes ?
Dans le cadre des leçons au Collège de France, Stanislas Dehaene a proposé une série d'interventions sur la mémoire. A la suite d'une leçon abordant la correction des erreurs, une question lui a été posée : "que pensez-vous des notes ?".
Il y répond, au début de la leçon dédiée à la mémoire et son optimisation (17 février 2015) :
suivre ce lien pour entendre les 10mn consacrées à la réponse à la question
suivre ce lien pour accéder à la totalité de cette leçon (durée 1h)
Construire des feedbacks pour réguler l'enseignement et l'apprentissage
Un lien vers un article de Michel Barde, IA-IPR, sur le site des sciences physiques et chimiques de l'académie d'Aix-Marseille
Pour compléter cette lecture, un support mis en ligne par la DANE de l'académie de Grenoble en suivant ce lien.
Comment construire des supports d'évaluation pour développer une évaluation explicite, qualitative, permettant le dialogue : travail à partir de la compétence "raisonner"
La réflexion proposée par l'inspection pédagogique régionale prend appui sur l’exemple d’une compétence travaillée aussi bien en collège qu’en lycée : la production d’écrits longs organisés formulée sous le vocable « raisonner » (il est tout à fait possible de la formuler autrement). L'objectif est ici de comprendre quels sont les éléments qui doivent figurer sur le support d'évaluation distribué aux élèves pour faire en sorte que ce temps soit utile à l'élève, mobilisable par celui-ci et lui permettant de coprendre comment progresser.
La démarche est transposable dans tous les niveaux, de la Sixième à la Terminale.
Cette réflexion ne se veut absolument pas modélisante : c’est l’esprit de l’évaluation qui prime sur la lettre. On peut donc mettre en œuvre cette démarche à partir de modalités opératoires différentes.
Suivre le lien pour accéder au document
L'évaluation dialoguée : principes et éléments de mise en oeuvre
Marjorie Lejeune a testé l'évaluation dialoguée. Elle en pose les principes, décline sa mise en oeuvre avec les élèves et vous propose des documents supports.
Ceux-ci sont choisis en collège mais la démarche est totalement transposable en lycée.
Suivre le lien pour accéder à la ressource.
Comment impliquer les élèves dans leur propre évaluation
S'autoévaluer en jouant
Une proposition de Samira Nougué (suivre le lien), destinée à ses élèves de 6ème, mais dont le principe est transposable dans toutes les classes et tous les niveaux.
Il s'agit de permettre à chaque élève de s'autoévaluer et à l'enseignant de proposer une remédiation personnalisée, si nécessaire.
L'autoévaluation
Un article de fond, parfaitement transversal, par Michel Barde, IA-IPR de Siences physiques et chimiques accessible en suivant le lien.
L’autoévaluation, qui fait partie intégrante du processus d’évaluation formative, est une activité métacognitive efficace. Elle permet à l’élève de recueillir des données (sur sa production, sur son fonctionnement, sur ses acquis, ses lacunes, ses progrès, etc.) dans le but de réfléchir à son apprentissageet de progresser. Cette forme d’évaluation améliore les performances des élèves de façon significative.
L'article porte sur la démarche, les finalités de l'auto-évaluationnet est donc, à ce titre, totalement transversal, utilisable dans toutes les disciplines.
Les QCM : des outils très efficaces pour apprendre, se corriger, progresser
Loin des idées reçues sur cette pratique, Frank Dellion vous propose un article de fond pour comprendre comment cet outil s'avère être très efficace pour permettre aux élèves d'apprendre, de mémoriser sur le long terme... et d'y prendre du plaisir.
Suivez le lien pour accéder à l'article
L'académie de Versailles a produit un document très intéressant sur l'évaluation avec des QCM interactifs en Histoire-Géographie.
Nous vous invitons à porter attention à la première partie de ce document : "Concevoir des QCM en Histoire-géographie" pour mesurer les enjeux et les finalités que porte l'élaboration des questions.
Suivez le lien pour accéder au document
Laurent Bonnet, professeur au collège Les Bartavelles à Marseille, vous propose deux QCM pour construire et évaluer des compétences en 3ème (analyser et comprendre un document ; rédiger un développement construit).
Suivez le lien pour accéder à la ressource
Et si les élèves se notaient ?
Marie-Camille Coudert, professeure de Sciences physiques et chimiques en lycée, s'est posée la question de la note.
Sa réflexion l'a conduite à impliquer très directement les élèves dans la note qui figure sur leur bulletin : ce sont eux qui la fixent, dans un dialogue avec leur enseignante.
Une vidéo très intéressante à regarder en suivant le lien !
La narration de recherche
Un outil très efficace pour permettre aux élèves de conscientiser leurs ressources et leurs procédures, pour qu'ils apprennent à se regarder travailler et donc, par là même, à s'auto-évaluer.
Un article d'Isabelle Méjean permet d'en envisager les finalités, les modalités de mise en oeuvre et de disposer de retours éclairants d'élèves et de professeurs.
Suivre le lien pour accéder à la ressource
La narration de recherche peut s'utiliser dans des activités en présentiel comme à distance, à partir de situations d'apprentissages très ouvertes : tâches complexes (suivre le lien pour une mise au point), situations-problème, consignes larges, etc. .
Agir sur la motivation des élèves
Nicolas Bertrand, professeur au collège Monod aux Pennes Mirabeau, vous propose un point très documenté sur la motivation scolaire et les possibilités pour la travailler, la développer, en prenant appui sur des gestes professionnels, afin que les élèves soient en capacité de prendre en charge leurs propres apprentissages. Accès à la ressource en suivant le lien.
Réfléchir à la motivation des élèves, c'est aussi s'engager dans une démarche réflexive toujours très riche.
Il ne reste alors qu’à cheminer, expérimenter, prendre des risques et recommencer, puisque le droit à l‘erreur est permis et même nécessaire
Pour aller plus loin : des ressources complémentaires sur l'évaluation accessibles en ligne
Olivier REY, Annie FEYFANT, "Evaluer pour (mieux) faire apprendre", Dossier de veille de l'IFE, 2014
Bernadette CHARLIER, Nathalie DESCHRYVER, Daniel PERAYA, "Apprendre en présence et à distance ; une définition des dispositifs hybrides", Revue Distances et Savoirs, 2006, vol.4 accessible sur Cairn.info