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Publié le 10 juin 2020

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Le  mercredi 10 juin 2020

Toutologues et post-vérité

Quand l'information (scientifique) ne souffre pas l'à peu près... / semaine 5 période de (dé)confinement- 29 avril 2020

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    L’information scientifique est l’une des principales victimes de ce que le sociologue Gérald Bronner nomme la dérégulation du marché de l’information1.

     

    À l’heure où j’écris ces quelques lignes, le Président des États-Unis, Donald Trump, vient de préconiser l’injection de produit désinfectant alliée à une cure d’UV pour combattre le Covid-19.

    Cette déclaration pourrait faire sourire si elle ne provenait pas d’un des hommes les plus puissants de la planète. La réponse des fabricants de produits désinfectants ne s’est pas fait attendre. Craignant des inspirations et injections létales, ils ont immédiatement ciblé leur communication.

     


     Capture doc clemi 2

     

     

    Avertissement extrait d’un site américain de fabricant de produits domestiques désinfectants (24/04/2020),

     

    capture d’écran extraite du tweet de J.-B. Cadier, correspondant BFM à Washington.

     

     

    Beaucoup tremblent à l’idée que certains électeurs parmi les plus vulnérables, crédules, mettent en application les préconisations présidentielles.

     

    Il faut espérer que cela n’advienne pas.

     

    Le côté problématique de cette déclaration réside aussi ailleurs.

    Le Président Donald Trump n’hésite pas à parler sur des sujets qu’il ne maîtrise pas, comme ici la science, la médecine.

    Parler à tort et à travers de tous les sujets est aussi une réalité que nous côtoyons nationalement et quotidiennement lorsque les chaînes continues d’informations recourent à des « experts ». « Toutologues », spécialistes de tout et surtout de rien, qui proclament n’importe quoi, à n’importe quel moment2. Tantôt spécialistes de la guerre en Syrie, tantôt spécialistes des épidémies, tantôt spécialistes des mouvements sociaux en France, et maintenant spécialistes de l’école (et du corps enseignant), les mêmes personnes polémiquent, exacerbent les tensions en donnant simplement l’état de leur pensée (ou de leur non-pensée), à des heures de grande écoute ; chaque ânerie étant massivement relayée sur les réseaux sociaux (ce qui s’appelle « faire le buzz »).

     

    Revenons aux propos du Président des États-Unis qui sont relayés médiatiquement. Ils alimentent une désinformation qui profite de la dérégulation du marché de l’information. Elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle n’émane pas d’officines obscures, mais bien d’un décideur politique de premier rang. Il a fait entrer l’information dans l’ère la post-vérité3, c’est-à-dire du mensonge « qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles »4.

     

    Ne nous laissons pas décourager, le rôle de l’école est ici prépondérant, l’apport de la connaissance éclaire les esprits.

    Le monde informationnel ne peut pas échapper à l’étude, l’éducation aux médias et à l’information est une nécessité.

     

     

    Notes et ressources :

     

    2 Dossier mis à jour régulièrement sur le phénomène des « toutologues » via le site«arrêt sur images»(accès libre au site jusqu’en juin, pour les inscrits à la semaine de la presse), https://www.arretsurimages.net/dossiers/toutologues-qui-sont-ils

    3 Ère de la post-vérité à lire sur Wikipédia (très instructif et complet) : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%88re_post-v%C3%A9rit%C3%A9

    4 « “Post-vérité”, le mot de l'année selon le dictionnaire Oxford », LaPresse.ca, 16 novembre 2016