Sur leurs smartphones, les élèves sont submergés par un flot de contenus, il peut être difficile de faire la part entre vérité et mensonge. Relayés en un éclair par les réseaux sociaux, fausses informations, rumeurs, complots sèment le trouble avec une force de frappe étonnante. Selon les chercheurs du MIT (Masschussetts Institute of Technology) une fausse nouvelle a 70 % de chances en plus d’être relayée qu’une nouvelle vérifiée et circule en moyenne six fois plus vite[1].
L’esprit critique est un apprentissage qui demande du temps et de l’attention : apprendre à raisonner par soi-même au travers de la démarche scientifique, à se forger librement sa propre opinion et à lutter contre les préjugés ou toutes formes d’intolérance en élaborant sa propre « déclaration d’indépendance mentale[2] ».
Quels sont les élèves concernés par le projet et dans quel cadre ?
Deux classes de 3e : EPI (Français – Physique Chimie) ; le travail s’effectue durant les heures d’enseignement en s’appuyant sur les programmes disciplinaires, mais aussi en heure de vie de classe en lien avec les CPE et PSY-EN ; des séances en co-enseignement sont également organisées.
Deux classes de 2nde : le travail de réflexion est mené durant l’enseignement d’EMC par le professeur d’histoire géographie.
Comment justifier ce projet de liaison 3e – 2nde ?
Avec ce projet, nous souhaitons intégrer la formation des élèves de 3e à l’esprit critique en interdisciplinarité avec l’Enseignement Moral et Civique (EMC)[3] autour de la liberté. De leur côté les élèves de 2nde en s’initiant au rôle de tuteur, gagnent en responsabilité tout en se préparant à leur futur grand oral.
Quels sont les objectifs du projet ?
- Lutter contre la rumeur, sa propagation et le réflexe de re-publication.
- Développer l’esprit critique
- Créer une liaison 3e– 2nde entre le collège F. Léger (Berre L’Etang) et le Lycée J. Monnet (Vitrolles).
- Travailler l’orientation.
Quels sont les objectifs opérationnels du projet ?
- Établir une « déclaration d’indépendance mentale ».
- Repérer les failles d’une information.
Quelles sont les compétences mobilisées lors du projet ?
Collège - Domaines 1, 2, 3, 4 et 5 / Lycée : grand oral.
Les activités proposées lors de ce projet sont organisées autour de blocs thématiques qui correspondent aux étapes de la démarche scientifique :
Quelles sont les modalités d’organisation ?
La situation déclenchante est amenée de manière indépendante selon une démarche :
- Déductive pour les élèves de collège : mis face à de fausses informations les élèves déduisent être confrontés à des thoéries du complot / rumeurs / etc... qu'ils vont devoir déconstruire.
- Inductive pour les élèves de lycée : en étudiant différentes théories du complot les élèves déduisent les différents biais cognitifs mobilisés.
Chacune de ses méthodes a présenté des limites auxquelles les élèves ont été confrontées dans leur raisonnement, d’où la nécessité de se rencontrer en milieu d’année pour harmoniser les pratiques et utiliser une démarche hypothético-déductive pour le décodage et les déconstructions des théories du complot.
Le projet se déroule en 4 étapes :
1ère étape - Susciter l’esprit critique des élèves.
La première étape permet de susciter l’esprit critique des élèves à travers des processus cognitifs ( différents modes à travers lesquels un système traite l'information en y répondant par une action) en utilisant deux fausses informations en français et en physique chimie.
- L'homme n'a pas marché sur la Lune.
- Travailler sur de fausses biographies / autoportraits.
Déroulement |
Support |
Durée |
Compétences |
Séance 1 : Fête de la science : thématique des idées reçues. Objectif : contribuer au débat public, développer l'esprit critique, combattre les idées reçues : méthodologie pour y répondre = adopter une démarche scientifique. Question diagnostique au format numérique en fin de séance : Pensez-vous que l’homme a marché sur la Lune en 1969 ? Réponses possibles : oui ou non (hypothèse) |
Vidéo d’introduction : https://www.fetedelascience.fr/casser-des-theories-du-complot-avec-alexandre-astier-et-dr-nozman Visite du village des sciences de Berre l’Étang. |
2h |
Extraire des informations Coopérer et réaliser des projets. |
Séance 2 : Tâche complexe Consigne : l’homme a-t-il marché sur la Lune en 1969 ? Élèves : en groupe avec des documents à leur disposition. Finir la séance avec la même question qu’à la séance précédente au format numérique : Pensez-vous que l’homme a marché sur la Lune en 1969 ? Réponses possibles : oui, non, je ne sais plus car je doute. |
Articles de journaux d’époque, extraits vidéos, dont les informations sont triées et orientées afin de faire douter les élèves. Travail sur les unités. Enseignant : Régule les documents en fonction des besoins des groupes. |
1h |
Mettre en relation des informations afin d’expliquer Interpréter des résultats et en tirer des conclusions Distinguer croyance et savoir scientifique. |
2e étape - Importance de la connaissance et des savoirs.
Travailler sur l’importance de la connaissance et des savoirs pour juger de la véracité des infos et des idées : relation avec les médias. Choix d’une théorie du complot à étudier.
- Expo virtuelle de la BNF – « Histoires de fausses nouvelles »
- Média : Sens critique - Journaliste - Thomas Sotto Europe 1. Une même scène est filmée sous deux angles différents = Orientation des émotions.
- Déclic’Critique : Comment déceler un point de vue dans un documentaire ? Quels éléments permettent aux journalistes d’appuyer leur message ?
Méthodologie :
- À l’écrit à la maison : production d’une opinion argumentée et justifiée.
- À l’oral en classe : « 3 min pour convaincre ».
Exemple au collège et au lycée :
Consigne : Lister avec l’aide du tableau ci-dessous, les biais[4] qui contribuent à alimenter la théorie du complot choisie :
Le biais d’ancrage |
Le poids de la 1ère impression. |
Le biais de conformisme |
Être en accord avec la majorité. |
L’effet de halo |
Des caractéristiques positives qu’on estime valable dans un autre domaine. |
L’effet Forer |
Le fait d’accepter une vague description de la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à elle-même. |
Le biais de confirmation |
Être d’accord avec ceux qui sont d’accord avec soi. |
La dissonance cognitive |
Le bug du cerveau (arguments éloignés de la raison pour éviter le malaise psychologique). |
3e étape - De la démarche scientifique à une déclaration d’indépendance mentale ?
Pour déconstruire une fausse information, il faut faire preuve d’esprit critique : d’où la nécessité de raisonner selon une déclaration d’indépendance mentale.
Déroulement |
Support |
Durée |
Compétences |
Rencontre entre collégiens et lycéens. Avant la rencontre, en classe : - Définir la notion de déclaration d’indépendance mentale. - Constitution des groupes de compétences 1 groupe = 2 lycéens – 2 collégiens Apport des élèves de lycées : - Rôle de tuteur - Processus cognitifs avancés Apport des élèves de collège : - Démarche scientifique. Consigne : Rédiger une déclaration d’indépendance. Chaque groupe est chargé de la rédaction d’un article. Les élèves fonctionnent par atelier en rotation sur la journée : Atelier 1 : Pourquoi la nécessité de rédiger une déclaration d’indépendance mentale ? Atelier 2 : Quelle structure pour une déclaration d’indépendance mentale Atelier 3 : Quel contenu ? (Rédaction des affiches) Chaque atelier est dirigé par un enseignant (collège ou lycée). Production finale : articles de la déclaration rédigés par les élèves sous forme d’affiches. |
Utilisation de l’outil numérique pour les recherches Interview Gerald Bronner, Géo Ado ; fonctionnement du cerveau ; exposition BNF « fausses nouvelles ». Différentes déclarations (droits des hommes, des femmes, charte de laïcité…) pour guider les élèves dans la forme que doit prendre la déclaration |
4h |
Organiser son travail. Coopérer et réaliser des projets. Rechercher et traiter des informations pour communiquer. |
Les différents ateliers permettent aux élèves de collège de circuler dans le lycée et de se familiariser à ce nouvel environnement.
4e étape - Déconstruire une théorie du complot grâce à la déclaration d’indépendance mentale.
Chaque groupe d’élèves choisit une théorie du complot (soit parmi une liste fournie par les enseignants de la classe soit de leur propre choix). À partir d’un même « cahier des charges » ils mènent des réflexions différentes.
Le projet est ensuite présenté dans le cadre de l'oral du DNB : le travail de présentation consiste à décoder cette théorie en la déconstruisant.
Dans l'onglet "Documents" quelques documents pédagogiques proposés par l'équipe sont à télécharger.