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Philosophie et numérique

Publié le 24 déc. 2021 Modifié le : 25 déc. 2021

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Le  vendredi 24 décembre 2021

Philosophie et numérique

Publications

  • Qui sommes nous ?  Implications philosophiques est une revue électronique de philosophie à comité de lecture. Elle est en accès libre et publie régulièrement des articles à flux continu, ainsi que des dossiers thématiques.  Depuis son lancement, la revue a progressivement rassemblé autour de son projet éditorial un réseau inter-universitaire et interdisciplinaire de  plus  de 100 auteurs (Paris I, Paris IV, Paris VIII, ENS, EHESS…), et un comité scientifique de chercheurs reconnus.  Répondant à un véritable désir de mieux comprendre le monde contemporain et ses implications, la revue est parvenue rapidement à rencontrer son public, et c’est ainsi plus de 90 000 lecteurs qui suivent nos publications.

    PHILOSOPHIE ET NUMERIQUE – PUBLICATIONS

     

    La livraison « Philosophie et numérique » d’Implications philosophiques réunit 21 articles répartis en 4 rubriques :

     

    1. Intelligence artificielle et philosophie du Web ;
    2. Société de l’information ;
    3. Histoire de la philosophie ;
    4. Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation.

     

    Ces articles répondent à l’appel à communiquer qu’un petit groupe de professeurs de philosophie du secondaire (IAN) lança sur « le numérique ». On peut lire sur la plateforme IP :

     

    I. Intelligence artificielle et philosophie du web

    1. Pierre Livet : Le numérique pense-t-il pour nous ?
    2. Patrice Bellot : IA, recherche d’information et recommandation automatique
    3. Alexandre Monnin : Y a-t-il une « philosophie du Web » ?
    4. Fabrizio Li Vigni : Les données comme point aveugle de la littérature sur la modélisation
    5. Charles Bodon : Ontologies informatiques et intelligence artificielle
    6. Sylvain Roudaut : Sur l’implication ontologique des ontologies

     

    II. Société de l’information

    1. Paul Mathias : « Penser le numérique » : une question philosophique ?
    2. Marc-Antoine Pencolé : Les technologies de personnalisation et technologies de pouvoir
    3. Mbemba Ndiaye, Christiane Peyron : Penser les pratiques d’indexation sociale sur internet
    4. Kevin Ladd : Voitures autonomes, dilemmes moraux et éclipse du politique
    5. Guillaume Giroud : L’interface entre philosophie et numérique
    6. Marine Riguet : Le numérique, milieu « macranthrope »
    7. Emmanuel Guez, Frédérique Vargoz : Le régime mémoriel de la Blockchain

     

    III. Histoire de la philosophie

    1. Isabelle Pariente-Butterlin : Entretien sur les espaces connectés
    2. Damien Caille : Un individu numérique chez Spinoza et Wiener
    3. Arianna Sforzini : Michel Foucault numérique
    4. Dimitri M’bama, Pascale Devette : Réflexion sur les dispositifs algorithmiques
    5. Sébastien Bourbonnais : Repenser les milieux de l’architecture numérique

     

    IV. Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation

    1. Tyler Reigeluth : Vers une culture de l’activité technique à l’école
    2. Matthieu Quidu : L’auto-quantification de l’activité sportive
    3. Pierre Leveau : Philosophie et numérique éducatif

     

    Chaque article est précédé d’un résumé. On lira ci-dessous celui des 4 sections auquel ils répondent :

     

    Présentation

    I. Intelligence artificielle et philosophie du web

    La notion d’intelligence artificielle pose problème, qu’on la tienne pour un mythe, entre utopie et dystopie, ou pour un programme de recherche scientifique aux intérêts économiques évidents. Le projet lancé dans les années 50 est aujourd’hui renouvelé par le big data, que les internautes alimentent quotidiennement. Il intéresse la philosophie dans la mesure où il renouvelle son approche des questions épistémologiques et morales que pose l’intelligence humaine. Qu’est-ce en effet que l’intelligence, si elle peut être artificielle ? Quel traitement les machines lui réservent-elles ? Et qu’est-ce que « penser » veut dire lorsqu’elles nous assistent ? On peut lire les articles de Pierre Livet et de Patrice Bellot sur ces questions, ainsi que ceux de Kevin Ladd et de Guillaume Giroud dans la section suivante.

     

    Le déploiement du World Wide Web a profondément modifié les programmes de recherche sur l’IA à la fin des années 80 et le tournant social qu’il a pris au XXIe siècle a ensuite fait émerger de nouveaux dispositifs : blogs, wikis et autres réseaux sociaux. L’ensemble n’a pas seulement transformé nos rapports humains, mais aussi notre rapport au savoir, sinon au monde en général. Les philosophes ne manquent pas de s’interroger sur le mode d’existence de ces objets dans le détail et sur la toile qui les supporte : que sont-ils et de quoi le web est-il fait ? Les ontologies informatiques du Web sémantique imposent-elles à la philosophie de réviser ses catégories ? Comment nommer, classer ou indexer les phénomènes sur le Web ? L’importante contribution d’Alexandre Monnin porte sur le sujet, aussi traité par Fabrizio Li Vigni, Sylvain Roudaut et Charles Bodon.

     

     

    II. Société de l’information

    Les systèmes d’information ont transformé nos sociétés : ils ont produit des outils de gouvernance qui ont changé nos vies, au point de nous donner l’impression de n’être plus que les nœuds d’un réseau alimentant le big data. On peut se demander dans ces conditions si nos sociétés de l’information ne sont pas d’abord des sociétés de contrôle. Les réseaux sociaux, qui devaient nous ouvrir au monde, renforcent nos croyances et nous enferment souvent dans des profils générés par des algorithmes. Ce phénomène interpelle la philosophie, attachée à la libre pensée : qu’est-ce qu’une information, une opinion, un message dans ce type de société ? Quelle valeur la connaissance y a-t-elle ? Quel crédit lui accorde-t-on et quels capitaux génère-t-elle ? On lira le grand entretien avec Paul Mathias sur la question, ainsi que les contributions d’Emmanuel Guez/Frédérique Vargoz, de Marc-Antoine Pencolé, de Mbemba Ndiaye/Christiane Peyron-Bonjan dans cette section et de Dimitri M’bama/Pascale Devette dans la suivante.

     

     

    III. Histoire de la philosophie

    Les technologies numériques ont modifié les méthodes de travail des chercheurs, qui s’interrogent en retour sur leur utilité, leurs limites et leurs enjeux. Elles ont fait apparaître de nouveaux objets de recherche et ont transformé de nombreuses professions. L’émergence de nouvelles disciplines, parmi lesquelles la cybernétique, la robotique ou l’informatique, ouvre par ailleurs un vaste domaine d’investigation à l’archéologie du savoir et à la philosophie des sciences et des médias. De la République des lettres aux sociétés de l’information, de l’Encyclopédie des sciences à Wikipédia, on peut s’interroger sur le rapport que ces programmes entretiennent avec les courants profonds qui structurent la philosophie depuis l’Antiquité. La grande conversion au numérique renouvelle-t-elle le questionnement de la philosophie classique ? Quelle généalogie établir entre ces programmes de recherche ? La philosophie est directement concernée par ce débat qui interroge l’avenir des humanités classiques. L’entretien avec Isabelle Butterlin porte sur ces questions, dont Damien Caille, Arianna Sforzini, Pascale Devette et Dimitri M’bama, Sébastien Bourbonnais traitent enfin en particulier.

     

     

    IV. Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement

    Les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) ambitionnent de changer la forme scolaire, mais font l’objet de débats, en raison des modèles sociétaux et cognitifs qu’elles véhiculent. Si le numérique intéresse la philosophie, ce n’est pas forcément le cas de son enseignement, qui le tient pour un accessoire, éventuellement dangereux car captivant. La philosophie a pour cette raison une double tâche à accomplir : l’une consiste à examiner les principes et les fins des formes scolaires ; l’autre à s’interroger sur l’usage disciplinaire qu’elle peut faire de ces nouvelles technologiques. Y a-t-il un usage proprement philosophique du numérique ? Comment le mettre au service d’une discipline qui se définit elle-même, depuis l’Antiquité jusqu’aux Lumières, comme une pédagogie ? Que change-t-il dans la relation des professeurs aux élèves et aux savoirs ? Les contributions de Tyler Reigeluth, Matthieu Quidu et la mienne enfin tâchent de faire le point sur ces questions.

     

     

    Remerciement

    J’adresse mes remerciements à Pierre Livet, Paul Mathias et Alexandre Monnin pour leur soutien, ainsi qu’à Pascal Taranto, Sébastien Motta et Mariagrazia Cairo du CGGG pour leur renfort, et à mes collègues professeurs de philosophie du secondaire, IAN ou non, pour leurs avis : Isabelle Patriarche, Valérie Marchand, Astrid Apse, François Élie, Nicolas Laurens,  Yann Bourotte, Pierre Hidalgo, Marc Guyon, Victor Collard, Paul Hamel, Yannick Bezin, Timothée Darmon, Sylvain Robert, Steve Balboa ; à Nicolas Mascret enfin pour son expertise et à Marc Goëtzmann, évidemment, pour sa patience. Aristote, Politique, I,2, 1253a.29 ; Spinoza, Éthique, IV, Prop. LXXI.

     

    Pierre Leveau, IAN philosophie, académie d’Aix-Marseille