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Publié le 13 déc. 2022

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Le  mardi 13 décembre 2022

LA DEFINITION DES ROLES SEXUELS A-T-ELLE REELLEMENT DES FONDEMENTS BIOLOGIQUES ? RESUME D’ARTICLE

Le très documenté article de Pour la science qui est résumé ici, propose de faire la part dans la définition des rôles sexuels entre la réalité biologique et le poids des stéréotypes humains dans les études scientifiques. Une vision anthropomorphique et idéologique a conduit à une vision simpliste de la biodiversité avec des mâles actifs, compétitifs et peu exigeants et des femelles passives mais sélectives.

  • Emeu d’Australie. Quartl — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

    De nombreux oiseaux femelles chantent et la plupart partagent les cris (vocalises plus simples que les chants) avec les mâles. Toutefois, elles ont été moins étudiées en lien avec l’idée d’un sexe muet. Cet exemple montre une exagération des différences entre les sexes qui n’est pas biologique mais qui provient de la manière dont les thèmes d’études sont décidés.

    L’héritage de Darwin

    Tout d’abord, la théorie de la sélection sexuelle explique le dimorphisme sexuel fort dans certaines espèces et la possession de certains caractères qui semblent défavorables à la survie de l’individu qui les porte.

    Puis dans un second, les études de Bateman en 1948, puis celles de Trivers en 1972, sur la différence d’investissement dans la production des gamètes et les soins parentaux ont entrainé l’émergence de l’idée du mâle qui cherche à avoir le plus de partenaires femelles possibles tout en étant peu exigeant et de femelles avec peu de partenaires sexuels mais exigeantes quant à leur choix.

    Ces théories-là ont permis de grandes avancées dans la compréhension de l’évolution, toutefois la multiplication des études par ce prisme a conduit à exagérer l’importance des différences entre les sexes et à décrire des comportements stéréotypés qui ne reflètent pas la richesse de la biodiversité.

    Des comportements divers

    De nombreux cas montrent que les femelles peuvent multiplier les partenaires sexuels : les lionnes en œstrus peuvent avoir jusqu’à 100 copulations avec des mâles différents, les femelles chimpanzés sollicitent les mâles et peuvent avoir jusqu’à 8 partenaires en une heure et chez les femelles bonobos les relations sexuelles sont multiples et souvent dissociées de la procréation. Chez 90% des oiseaux monogames, des nichées extra-couples existent : la femelle a donc multiplié les partenaires.

    De plus la compétition intrasexuelle existe également chez des femelles, comme chez le chien de prairies, les émeus et les hyènes.

    Enfin, l’idée que les mâles ont un faible coût à la procréation ne représente pas l’intégralité du monde animal, certaines drosophiles produisent des spermatozoïdes peu nombreux immenses par rapport à leur taille, les mâles veuves noires ou mantes religieuses risquent leur vie, certains mâles apportent des soins parentaux comme chez le hamster russe, le crapaud accoucheur, l’hippocampe et chez 90% des espèces d’oiseaux.

    Ainsi, non seulement les rôles des sexes sont variables d’une espèce à l’autre, mais au sein d’une même espèce, il existe entre les individus des variations difficilement conciliables avec la notion de rôle typique des sexes.

    Sortir des stéréotypes

    Même si des différences sexuelles existent, des biais idéologiques ont conduit à les exacerber uniquement dans le sens des stéréotypes sociaux humains de l’époque de recherche : plus d’études sont réalisées sur les mâles que sur les femelles et les mâles sont considérés comme le cas typique et les femelles comme les exceptions. Ainsi la femelle passive repose grandement sur une vision anthropomorphique et idéologique du rôle des femelles.

    « La diversité des comportements des femelles et des mâles, même au sein d’une espèce donnée, conduit à considérer plusieurs continuums de comportements le long desquels les individus de chaque sexe se retrouvent à n’importe quel niveau. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas de comportements liés au sexe, mais que ceux-ci ne sont pas déterminés uniquement par lui, c’est-à-dire par le fait de produire de petits ou de gros gamètes. »

    Si vous souhaitez plus de précisions, des exemples plus nombreux et des liens vers les articles scientifiques, vous pouvez consulter l’article original dans Pour la science, Décembre 2022.