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27 janvier : Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité

Publié le 27 janv. 2023

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Le  vendredi 27 janvier 2023

27 janvier : journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité

27 janvier 2023 Cérémonie officielle au Camp des Milles : article de la fondation du Camp des Milles, liens vers la cérémonie et des propositions pédagogiques

  • Cérémonie 27 01 2023

    JOURNÉE INTERNATIONALE DE COMMÉMORATION
    EN MÉMOIRE DES VICTIMES DE LA SHOAH

    Cérémonie officielle régionale

    au Site-mémorial du Camp des Milles

     

    « Nous avons connu, subi et combattu le régime de Vichy et sa politique d'extrême droite, autoritaire, nationaliste, xénophobe et antisémite.


    Aujourd'hui, en France et en Europe, nous voyons monter à nouveau cette idéologie extrémiste. »


     

    Ce 27 janvier, le froid est vif et pourtant de nombreux invités sont réunis face au Wagon du Souvenir des Milles à l'invitation du M. le Préfet de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christophe Mirmand, et de Mme le Maire d'Aix-en-Provence, Sophie Joissains. Une cérémonie y était organisée à l'occasion de la journée Internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah.

     

    Avec une grande émotion, Ariane Bois, romancière, auteur d'un livre récent sur le camp des Milles a fait lecture des noms retrouvés des enfants et adolescents juifs déportés de ce camp sous l'autorité du régime de Pétain, alors que les nazis ne les réclamaient pas. Ils faisaient partie de ces deux milles hommes, femmes et enfants qui furent raflés, puis mis dans des wagons à bestiaux, déportés depuis ce camp et assassinés à Auschwitz uniquement parce que juifs.

     

    Cette triste litanie faisait écho au Chant des déportés interprété précédemment par des élèves du Lycée Militaire. Les noms des Justes parmi les Nations ayant œuvré au Camp des Milles, lus par une jeune allemande et travaillant au Site-mémorial du Camp des Milles, Sarah Niggeman, ont permis de rappeler que « face aux extrémismes il est possible d'agir au nom du vivre ensemble et des valeurs de justice, de tolérance et d'humanité ».

     

    Marcel Touros, enfant caché et neveu de Denise Toros Marter, déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans a lu un des poèmes de sa tante le Testament d'Auschwitz  et s'adressant aux jeunes gens assistant à la cérémonie :

    « Nous vous léguons notre Mémoire, à charge pour vous de la transmettre de génération en génération, afin que nul n'oublie, afin que nul ne doute, afin que nul ne nie ! (...)

    Puisse le flambeau de la Mémoire collective, que nous vous transmettons avant d'arriver au bout de notre voyage, vous protéger à tout jamais d'un nouvel AUSCHWITZ ! »

     

    Devant de nombreux élus, membres du corps diplomatique, représentants de l'État, représentants des forces de sécurité, de la Justice, des cultes, des secteurs associatifs, chaque intervenant a rappelé les dangers actuels auxquels font face nos démocraties et la nécessité de s'appuyer sur l'histoire et « le courage de mémoire » comme repères pour la vigilance et l'action.

     

    Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, fit à nouveau sien solennellement L'Appel des grands anciens du mémorial :

     « Nous, anciens résistants et déportés, nous avons appris durement à reconnaître les visages et les masques de l'exclusion et de la haine. Nous avons connu, subi et combattu le régime de Vichy et sa politique d'extrême droite, autoritaire, nationaliste, xénophobe et antisémite. Aujourd'hui, en France et en Europe, nous voyons monter à nouveau cette idéologie extrémiste. Avec ses menaces contre la paix civile entre Français. (...) Les menaces contre la République sont multiples, et le terrorisme islamiste en est l'expression la plus violente. Mais c'est aujourd'hui l'extrémisme nationaliste qui peut conquérir le pouvoir, et qui présente donc le danger le plus immédiat pour nos libertés et pour l'unité de notre peuple, tout en faisant le jeu des terroristes » (http://www.campdesmilles.org/faislepourtoi/upload/texte-grands-anciens.pdf ).
     

     

     

    D'une voix grave, Alain Chouraqui conclut : « Nous promettons solennellement que, face aux régressions historiques qui menacent partout, face aux héritiers de Pétain et aux émules de Merah, notre Fondation, comme tant d'autres républicains, restera fidèle aux leçons essentielles des souffrances et des courages qui ont ici même marqué notre histoire. »

     

    Fabienne Bendayan, Présidente du CRIF Marseille-Provence, a rappelé que « Nous nous retrouvons dans un des rares lieux témoins préservés en Europe qui raconte l'histoire tragique de la volonté d'extermination systématique des Juifs par l'Allemagne nazie [...]. La mort habite encore ce lieu. Tout nous rappelle la tragédie. [...] Tout nous rappelle la cicatrice laissée par les pouvoirs de l'époque organisant la déportation. »

     

    Et de saluer directement Denise Toros-Marter, qui n'a pas pu être présente : « Ma Chère Denise, toi et tant d'autres qui avez consacré votre vie à la transmission, vous les gardiens de la mémoire, les défenseurs de l'histoire : vous êtes des prophètes de la vérité. Mais nous savons que demain, cette transmission devra se faire sans vous, les témoins directs de la Shoah. Aussi, il nous revient de nous emparer de notre histoire, de participer à la transmission de notre mémoire collective. Cette mémoire préservée par les gardiens de l'histoire doit être transmise aux générations futures pour construire notre présent et bâtir les remparts de notre avenir. »

     



    Pour conclure le temps des allocutions, Christophe Mirmand a déclaré : « Notre responsabilité, c'est de ne pas nous habituer, de ne pas laisser faire. C'est la promesse que nous devons aux disparus de la Shoah, une promesse de souvenir et d'action. Car, sous des formes renouvelées - négationnisme, antisionisme - l'antisémitisme a refait une apparition remarquée dans les harangues et dans les faits. Parce que les stéréotypes racistes et antisémites demeurent d'une actualité lancinante quand il faut trouver des boucs-émissaires à nos frustrations quotidiennes, parce que les extrémismes nationalistes et les radicalités religieuses se nourrissent les uns les autres et menacent de prendre en tenaille nos démocraties, parce que la logorrhée digitale nourrit la haine ordinaire, nous ne devons pas baisser la garde ».

     

    À l'issue de la cérémonie, la commémoration prochaine des rafles de Janvier 1943 du quartier du Vieux port et de l'Opéra à Marseille étaient dans tous les esprits des participants à ce temps d'hommage. Comme une prolongation, sans occupation allemande, du 80e anniversaire du terrible été 1942, durant lequel près de 10 000 enfants, femmes et hommes juifs ont été déportés et assassinés de la zone dite « libre » y compris du camp des Milles.

     

    LE 27 JANVIER, UNE JOURNEE INTERNATIONALE DE COMMÉMORATION

    Décidée par l'ONU en 2005, cette Journée du 27 janvier traduit la reconnaissance internationale de la portée universelle du génocide des juifs. L'universalité de cette histoire particulière est au cœur des connaissances transmises par le Site-mémorial du Camp des Milles sur les mécanismes humains fondamentaux qui peuvent mener au pire mais aussi sur les capacités humaines à y résister, chacun à sa manière. C'est aussi la date anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.

    Comme chaque année, cette cérémonie régionale était diffusée en direct sur les réseaux sociaux pour permettre à tous ceux qui le souhaitaient de s'associer à ce temps de recueillement pour rendre hommage aux victimes du Camp des Milles et d'ailleurs. Pour revoir la cérémonie, cliquez-ici