Atelier : Quels sont les répertoires de l'action politique aujourd'hui ?
Cette partie du programme se consacre aux spécificités de l'action politique contemporaine.
L'intitulé du chapitre est un clin d'œil à l'œuvre de Charles Tilly. Il invite à se situer par rapport à son oeuvre dans laquelle il distingue les répertoires d'action en fonction le leur cadre spatial (local/national), leur contenu (institutionnel ou non) et en fonction des ressources utilisées dans l'action (autour de l'opposition pacification / non pacification) .
Traditionnellement, on considère comme "politiques" les organisations qui visent la conquête du pouvoir politique ou celle qui font du lobbying sur les décisions politiques : partis politiques, syndicats, lobby, ONG principalement.
Sur quoi repose la spécificité de l'action politique aujourd'hui ? On peut souligner trois axes d'analyse :
- on passerait de l'opposition local/national (comme dans le modèle de Tilly) à l'opposition national / international. De plus en plus d'actions politiques sont menées à un niveau qui dépasse celui des Etats-nations.
- le développement de l'importance de l'expertise par rapport au nombre de personnes impliquées. La légitimité de l’action politique dépend de plus en plus de la « parole de l’expert ».
- l'action collective est souvent réticulaire (en réseau / décentralisée) par rapport aux organisations de type hiérarchique.
- Attention de ne pas tomber dans une logique de catalogue.
- Ne pas assimiler "vote" et "adhésion à un système" et "action protestataire" à "non adhésion au système politique". Le vote peut être protestataire (ex du vote Front national)
- La notion de répertoire laisse entendre qu'il existe un ensemble de possibilités dans lesquelles on va piocher mais il y a dans l'action collective de l'ancien et du nouveau en permanence.
- Raisonner en terme de "progrès". Il faut éviter de tomber dans une approche "évolutionniste" qui consisterait à dire / sous-entendre que les répertoires d'action seraient "mieux" aujourd'hui qu'avant
Problématiques synthétiques
Trois approches possibles de ce chapitre peuvent être articulées :
1) La "parlementarisation élargie"
L'évolution des répertoires d'action peut se questionner autour de l'idée de pacification des conflits. Les conflits se pacifient pour se transformer en « joutes verbales ».
2) L'anti-professionnalisation.
A partir de l'analyse de M. Weber autour de la professionnalisation des activités sociales (politiques ici), on peut amener l'idée d'une insatisfaction des citoyens vis-à-vis de la démocratie représentative dans laquelle le pouvoir politique est "confisqué". Compte tenu de la hausse générale du niveau scolaire, mettre un bulletin dans l'urne ne suffit plus à beaucoup de citoyens
3) l'individualisation
Les répertoires d'action politique peuvent se lire dans le sens d'une individualisation des pratiques politiques. L'engagement politique est plus variable, plus circonstanciel.