ORALISSIMO
Un guide de l’oral en quatre mouvements
L’oral constitue le vecteur des acquisitions dans toutes les disciplines
Pour l’élève
Premier mouvement : adagio
S’EXPRIMER
- Se dire
Devenir un sujet autonome, un individu, exprimer ce que l’on est, mais aussi apprendre à se décentrer pour prendre du recul, intégrer le discours d’autrui, élargir son horizon.
Viser la maîtrise du corps, de la voix, des émotions.
Acquérir une image positive de soi-même.
- Dire le monde
Verbaliser pour construire sa pensée : exprimer des émotions, définir, énumérer, récapituler, expliciter...
Utiliser l’’oral comme vecteur essentiel d’acquisition des connaissances.
- Se dire dans le monde
Informer, discuter, débattre, convaincre.
Faire l’apprentissage de la vie en société : se confronter à autrui (gérer les différences et les désaccords).
Construire son identité : l’oral étant toujours une parole publique, la mise en jeu de l’individu y est très sensible. La maîtrise de l’oral est liée au développement global de la personne et à la formation d’attitudes envers soi-même, la communication, l’échange, les autres.
Deuxième mouvement : andante
COMMUNIQUER
- Prendre en compte le cadre de la communication
le (les) destinataire(s)
Mesurer le niveau d’information des destinataires et en tenir compte dans l’exposé ou l’échange.
Mettre en œuvre des choix langagiers appropriés (registre de langue et vocabulaire adaptés au propos et aux récepteurs…).
Maîtriser les situations d’échange, gérer l’interaction.
- Etre un interlocuteur actif (guidé par un engagement personnel)
Intervenir de manière opportune : savoir écouter, savoir prendre en compte le point de vue de l’autre, ajuster en permanence son propos aux conditions de l’échange (explicitation, reformulation, reprise, digression).
Intervenir de manière pertinente : maîtriser les conduites discursives, et notamment la part d’implicite.
S’impliquer par des moyens verbaux, para-verbaux et non verbaux.
Pour le professeur
Troisième mouvement : menuetto
FAIRE
PRATIQUER
- Faire acquérir la maîtrise de l’oral par la pratique
Bâtir une pédagogie de l’oral active et fonctionnelle, en privilégiant les situations concrètes avec des enjeux concrets : s’expliquer, s’informer, convaincre, argumenter, négocier (exemples : la baladodiffusion en LV : gain de temps, brouillons d’oral possibles ; les ateliers radio : l’oral y est préparé par de l’écrit).
Veiller à susciter dans la classe des moments de parole, d’écoute et d’échange (travail en groupe par exemple). Ne pas considérer la parole de l’élève comme chronophage, ni perturbatrice, mais comme utile et nécessaire.
- Etre une référence à l’oral
Savoir écouter, et user d’une langue claire, correcte et sans affectation.
Ne pas imposer de norme, mais faire connaitre et maîtriser les codes qui régissent les diverses situations de communication de la vie scolaire et sociale.
- Diversifier et complexifier les pratiques
Se préoccuper de l’oral pour apprendre, comme vecteur des apprentissages (dialogue pédagogique, reformulations, échanges…) et de l’oral à apprendre, objet d’apprentissages spécifiques.
Solliciter toutes les formes et tous les genres de l’oral : oral improvisé et oral préparé, oral monologique et oral dialogique.
Articuler oral et écrit au sein de la séquence, notamment pour la trace écrite. Faire comprendre la continuité écrit/oral dans les acquisitions.
Quatrième mouvement : allegro
EVALUER
- Promouvoir une évaluation positive et incitative
Ne pas viser l’hypercorrection, mais adopter des démarches souples de correction et de rectification des énoncés (notamment par la reformulation).
Prendre en compte la parole de l’élève, même tâtonnante et déviante, sans pour autant l’enfermer dans l’idiome de son groupe.
- Diversifier les modalités
Ne pas évaluer globalement, mais maintenir un lien constant avec les apprentissages et les situations de classe.
Impliquer les élèves : auto-évaluation, évaluation collective possibles.
- Prendre en compte la complexité de l’oral, qui doit s’évaluer selon des critères spécifiques précis liés à la situation de communication et à l’efficacité de la parole produite :
- linguistiques ;
- paralinguistiques (volume, articulation, débit, intonation) ;
- non-verbaux (regard, gestes, mimiques, attitude(s)) ;
- intellectuels (maîtrise des « genres » de l’oral, avec les stratégies discursives qu’ils impliquent) ;
- culturels (contextes de référence, savoirs…) ;
- psychologiques (implication, conviction, gestion de l’affectivité, image de l’autre et de soi…).
Ces critères sont à moduler selon les niveaux de classe et les formes d’oral évaluées.
Pour inscrire cette évaluation dans le temps, on se fondera utilement sur les paliers du socle commun.
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Christian Le Guillou