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2013

Publié le Nov 20, 2013

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Le  Wednesday, November 20, 2013

Jeco 2013 6

Stabilisation euro

  • Jeudi 14 Novembre 2013 de 11h à 13 h

     Les conditions économiques pour la stabilité de l’euro sont-elles acceptables ?

     

    Modérateur : Jean-Paul Chapel (France 2)

     

    Mario Monti (Sénateur, président de l’Université Bocconi, Grand témoin des JECO 2013)

     

    Il faut bien différencier euro et zone euro. Dans la zone euro, les perspectives s’améliorent : des efforts ont été fournis (discipline des finances publiques, réformes structurelles, gouvernance européenne pour stabiliser la zone euro, sous l’impulsion de l’Allemagne sans toutefois créer une montée des populismes d’extrême droite en Allemagne : cf. élections de septembre 2013).

     

    Patrick Artus (Directeur de la Recherche et des Études Natixis)

     

    Le problème fondamental est la différence entre la conception de la zone euro et la gouvernance.

    Constats : la zone euro est de plus en plus hétérogène, la convergence n’a pas lieu ; les structures des pays divergent et cela a été accéléré par la crise. Au Nord on a des pays industrialisés, au Sud (Espagne, Portugal, France et Italie), on a des pays désindustrialisés. Les fortes divergences concernent les structures productives, les niveaux de vie, les capacités à exporter de ces pays.

    Or, en face, la gouvernance est une gouvernance d’homogénéité. On a une uniformisation des règles. Le problème est que ce projet est de plus en plus erroné.

    Comment peut-on équilibrer son déficit extérieur quand on est spécialisé dans des activités non exportables ? Par une diminution de la demande intérieure donc une croissance économique ralentie, un appauvrissement du pays. Ces divergences vont s’accentuer et cela va devenir de plus en plus insupportable socialement. Cela engendre aussi des migrations. Par exemple, 300 000 Espagnols sont partis. L’harmonisation et la coordination (pas les mêmes règles) ne sont pas des synonymes.

     

    Nicolas Schmit (Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration au Luxembourg)

     

    Le modèle initial de l’UEM était très orthodoxe et concernait des pays homogènes, puis cela s’est appliqué à des pays de plus en plus divergents. On a oublié les effets secondaires de l’euro. A part la monnaie, on a peu d’éléments fédéraux. Cela ne peut pas fonctionner.

    Comment reconstruire le système ? Revoir le traité est complexe. Un système fédéraliste devrait être plus fort mais il existe des blocages. Problème : l’euro est fort, voire trop fort, on a des risques déflationnistes. Quelle politique pour la zone euro très hétérogène ? Il manque un budget, l’union des transferts (et pas seulement entre des länders).

     

    Daniela Schwarzer (Directrice du département Intégration européenne à l’Institut allemand pour les Affaires internationales et de sécurité)

     

    La crise est loin d’être terminée. Les Allemands ne comprennent pas pourquoi on les critique pour leurs excédents excessifs car c’est un moteur de croissance pour les autres pays. Les débats internes à l’Allemagne portent sur le sous investissement pendant quatre ans dans l’éducation, la R-D, les innovations, les infrastructures (des inquiétudes pour le long terme), sur la pauvreté.

    Trois points importants :

    • Une union bancaire qui doit être complète et européenne (partage des risques), accès aux crédits pour les entreprises (notamment du Sud),
    • Création d’un budget dans la zone euro,
    • Créer des institutions de gouvernance : un contrôle démocratique du budget est nécessaire. Il faut différencier les critères selon les pays.

     

    Sylvie Goulard (Députée européenne élue dans la circonscription Ouest de la France)

     

    L’euro sera ce que nous en ferons, ce n’est pas une boutade, c’est une vraie décision politique, un choix des citoyens. La vraie menace pour l’euro est d’abord politique : trop d’opacité sur la prise de décision. Le fédéralisme est nécessaire pour avoir davantage de démocratie dans la prise de décision. Les critères du two et du six packs critiqués par M Askenazy ont été votés au Parlement européen et  par les Ministres des finances.

     

    Agnès Bénassy-Quéré  (professeur à l’école d’économie de Paris, présidente-déléguée du CAE)

     

    Rappel des trois fonctions d’un État selon R Musgrave. Le volet allocation existe en Europe. Problème : dans la zone euro, on ne fait de la stabilisation que via les variations du taux d’intérêt. Cela n’est pas tenable à long terme. L’erreur est de concevoir une zone monétaire en croyant que seule la banque centrale émet de la monnaie alors que ce sont les banques de second rang qui la créent. Il faut construire une véritable union bancaire car la stabilité monétaire est un bien collectif. Des transferts sont nécessaires même si l’Allemagne est plutôt contre.

    On a une agglomération des activités là où la productivité est la plus élevée. Par exemple les migrants espagnols partent en Allemagne : ils n’emportent pas leur quote-part de dette avec eux. Autre exemple : pour l’assurance chômage il faudrait une indemnisation en partie européenne. Il faut proposer de nouveaux projets par exemple sur la question de l’emploi : salaire minimum, indemnisation du chômage, contrat de travail, droit du licenciement…, ou encore sur une politique de la jeunesse.

     

    Philippe Askenazy (Directeur de recherche au CNRS et membre du CAE)

     

    De nombreuses inquiétudes. Il y avait plusieurs stratégies à mener face à la crise dans la zone euro. Pourquoi en est-on arrivé à des dégâts majeurs ? Chômage, pauvreté, de 5 à 10 années perdues.

    On a augmenté les difficultés pour pouvoir sortir de cette crise, on a créé un carcan technocratique, on a diminué la souveraineté des Parlements nationaux. Et on a multiplié les  critères arbitraires (ex des du six et du two packs) qui en plus contiennent des risques d’erreur, qui sont manipulés (avant les élections en Allemagne) ce qui affaiblit politiquement la zone euro.

     

    Philippe Herzog (Président-fondateur de l’association Confrontations Europe)

     

    Ces dernières années il y a eu des progrès dans la supervision mais il reste des problèmes fondamentaux : la fragmentation Nord-Sud, la construction de la croissance économique (la stabilité n’est pas acquise).

    Il en découle un problème de légitimité des institutions et une crise de confiance. Ou on renationalise la politique ou on la fédéralise = plus de solidarités. Les problèmes sont les sources du potentiel de croissance : le capital humain (échec scolaire, échec de la formation continue), le système financier = pas de politique financière européenne alors que c’est nécessaire pour financer les investissements, les innovations.

    Il existe aussi un problème de crise politique. Il faudrait préparer les populations à une refondation du socle. Mais le problème démocratique en France est d’abord intérieur, il n’existe pas de débat public pour préparer les élections européennes.

     

    Peter Ricketts (Ambassadeur du Royaume-Uni en France)

     

    L’Angleterre n’a jamais été convaincue par l’euro car le projet contenait des failles. L’union monétaire ne peut pas se faire sans une union budgétaire et bancaire. Le succès de l’euro est tout de même l’intérêt de l’Angleterre qui exporte beaucoup dans la zone euro. Une réforme est nécessaire pour gérer l’hétérogénéité, faire revenir la croissance. Cela passe par une refondation avec un nouveau traité, plus de compétitivité, plus de flexibilité.

     

    ***

     

    Questions par SMS :

     

    • Quel rôle pour la BCE ?

    On attend une intervention de la BCE pour faire augmenter les prix (endettement moins lourd à supporter, impasse budgétaire due la déflation).

     

    • Vers un retour au franc ?

    Non ce serait un leurre : des risques de change, une instabilité, des dévaluations.

     

    • Euro fort ou faible ?

    Cela dépend des Etats, des formes de compétitivité.

     

    • Emergence de barrières protectionnistes ?

    Pas réaliste, impossible : fragmentation des chaînes de valeur et de plus risque de mesures de rétorsion.

     

    • Quelles solutions ?

    Des politiques industrielles (ex politiques énergétiques) à l’échelle européenne avec de vraies solidarités, exemple investissements dans les pays du Sud, transferts liés au fait que des pays accueillent une main d’œuvre formée dans d’autres pays (mobilité du travail compensée par des transferts).